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[Actu] Prisons d'ailleurs.

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Message  Tatie Ven 08 Sep 2017, 09:50

Les catastrophes naturelles ne s’arrêtent pas aux portes des prisons. L’ouragan Harvey touche, dès le 27 août, la région de Houston (Texas, Etats-Unis). Des pluies diluviennes s’abattent dans un rayon de 320 kilomètres. Près de 6 000 prisonniers provenant de cinq établissements pénitentiaires sont évacués en raison de la crue menaçante de la rivière Brazos. L’administration pénitentiaire se veut rassurante et garantit la sécurité des prisonniers transférés. "Les choses se passent en douceur", explique Robert Hurst, un porte-parole de l’administration pénitentiaire texane.

À en croire les réseaux sociaux et les groupes d’entraide entre familles de prisonniers, la réalité est toute autre.
Rachel V., dont le mari est prisonnier à la prison de Beaumont, explique, le 2 septembre : "Ils reçoivent 25 cl d’eau et deux sandwichs par jour. C’est comme ça depuis dimanche dernier (le 27 août, ndlr). Ils font leurs besoins dans des sacs car ils boivent l’eau des toilettes. Des personnes s’évanouissent de déshydratation. Il n’y a pas de climatiseur alors que la chaleur est étouffante".

Les proches s’inquiètent de n’obtenir aucune nouvelle. Et pour cause : la prison de Beaumont est restée en lockdown durant cinq jours. Autant de temps durant lequel toutes les communications étaient coupées.

Rachel a pu entendre à nouveau son mari samedi dernier. Les nouvelles n’étaient pas bonnes. Deux prisonniers sont morts. L’un d’eux a bu l’eau des toilettes.
L’administration décide un nouveau lockdown après avoir appris que les prisonniers parlaient de leur situation à leur famille et demandaient de l’aide.
La prison fédérale de Beaumont héberge plus de 1 800 détenus. Les responsables ont décidé, jeudi dernier, de ne pas l’évacuer malgré le niveau critique de réserve en eau et en nourriture. Les animaux présents dans les refuges ont été évacués depuis lundi par centaines.

*Mise à jour 7 sept. 2017.
L'administration pénitentiaire dément le décès de deux prisonniers. Les informations restent compliquées à obtenir


prison insader
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Message  Tatie Ven 08 Sep 2017, 09:53

c’était fin août, c'est hallucinant que ces détenus soient ainsi oublié, laissés pour compte, delaissés !

d'autres catastrophes sont arrivées, d'autres en ce moment meme, à l'autre bout du monde.
Partout il y a des prisons, partout il y a des détenus est-ce que partout ils sont abandonnés comme cela?
sont-ils à ce point quantité négligeable pour que personne ne se soucie d'eux?
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Message  Tatie Lun 25 Juin 2018, 20:35

Environ deux tiers des gardiens étaient de service dimanche matin dans les prisons wallonnes au sixième jour de grève du front syndical CSC-CGSP contre l’avant-projet de loi du ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) qui instaure un service minimum dans les établissements pénitentiaires. Il s’agit d’une proportion comparable à celle en vigueur samedi matin, indique l’administration pénitentiaire.
Les prisons du sud du pays les plus affectées par le mouvement sont celles de Tournai (33,33 %), de Nivelles (53,57 %) et de Mons (56,25 %), ainsi que le centre pénitentiaire école de Marneffe (55,56 %). A l’inverse, les établissements d’Ittre (85,37 %) et d’Arlon (86,67 %) sont moins touchés, de même que la prison de Huy où tous les gardiens répondaient à l’appel.





une pensée solidaire pour les prisonnier belge qui subissent depuis une semaine la greve de leurs gardiens
comme en France au début de l'année, personne ne parle des répercutions que cela a sur la détention.
courage à ces détenus pendant cette période difficile.
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Message  Tatie Mer 22 Aoû 2018, 08:25

États-Unis.

Refus de travailler et/ou de s'alimenter pour les personnes détenues, manifestations à l'extérieur : les prisonniers américains entrent aujourd'hui en grève jusqu'au 9 septembre.


La mobilisation s'engage dans 17 états à travers le pays afin de protester contre les mauvaises conditions de détention et le sort réservé aux 2,2 millions de détenus américains. La grève dans les ateliers vise sensibiliser les citoyens. Ils financent, via leurs dépenses quotidiennes, le fonctionnement du système pénitentiaire.

Car les prisonniers fabriquent les plaques minéralogiques, labourent des sols, empaquettent les aliments, fabriquent les contenants des fast-food, travaillent dans des centres d'appels téléphoniques. Ils combattent à moindre coût les feux qui ont ravagé cet été la Californie.
De nombreuses entreprises ont bien saisi l'intérêt de faire confectionner leurs produits par de la main d'oeuvre peu chère : Starbucks, Victoria Secret, McDonald's, AT&T, Nintendo, Pepsi, WholeFoods...
Le salaire moyen dans les prisons d'État est, selon le Marshall Project, de 20 cents par heure. Des centaines de milliers de prisonniers travaillent, pour ce genre de paie dérisoire aux États-Unis.

Si le 13ème amendement de la Constitution abolit l'esclavage et la servitude involontaire, elle ne l'abolit pas en cas de punition pour un crime. (Voir l'excellent documentaire 13TH) Et comme 40% des personnes détenues sont noires, cela s'apparente à de l'esclavage moderne.
C'est l'une des 10 demandes formulées par les prisonniers grévistes. Y mettre fin.

Comme toutes les manifestations et les soulèvements de détenus, cela comporte d'immenses risques pour eux (mise à l'isolement, confinement généralisé "lockdown", donc rupture des liens familiaux, modification du régime de détention, etc.), d'autant qu'ils protestent avec la seule chose dont ils disposent : leur corps.


#PrisonStrike 20-08-18
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Message  Tatie Mer 22 Aoû 2018, 08:29

Complètement

Les détenus américains se mettent en grève


Pour trois semaines et dans dix-sept États.
Le salaire moyen en prison est estimé à 20 centimes de l'heure

Aux États-Unis, une partie des prisonniers et des prisonnières devrait se mettre en grève du 21 août au 9 septembre, en référence à la révolte sanglante de la prison d'Attica dans l'État de New-York, débutée le 9 septembre 1971. Pour tenter d'attirer l'attention sur les conditions de travail en prison et de détention, certains arrêteront de travailler, d'autres de manger.

Le travail en prison a récemment été évoqué dans les médias américains, de nombreux prisonniers ayant été recrutés, sur la base du volontariat, pour aider à éteindre des incendies en Californie et ce, pour un dollar de l'heure et deux dollars supplémentaires par jour. Une mission censée être «bien rémunérée»: le salaire moyen en détention est estimé à 20 centimes de l'heure.

De «l'esclavage moderne» pour Amina Sawari, porte-parole des détenues et détenus en colère. Pas tout à fait, répond la loi: aux États-Unis, le treizième amendement, qui a permis d'abolir l'esclavage, comporte une exception, «la servitude involontaire comme punition d'un crime».

Le principal levier des prisonniers est leur propre corps
La manifestation survient deux ans après la plus grande grève des prisons de l'histoire des États-Unis, qui a concerné douze États. S'il est difficile de déterminer le nombre exact de grévistes lors du prochain mouvement, les porte-paroles estiment qu'il concernera les prisons d'au moins dix-sept États, en faisant ainsi la plus grande manifestation du genre.

«Le principal levier des prisonniers est leur propre corps, témoigne Sawari, une prison ne peut pas opérer sans le travail des prisonniers» qui cuisinent, nettoient, s'occupent du jardin, de la lessive... En plus des grèves, grèves de la faim et des sit-ins, les personnes incarcérées appellent également au boycott des entreprises et agences qui profitent du travail en prison.


Parmi les dix demandes formulées se trouvent: «la fin de l'esclavage en prison», «une amélioration des conditions de détention», l'extension du droit à la liberté conditionnelle à tous les criminels, la fin du traitement inégal et raciste subi par les personnes racisées, l'augmentation de la possibilité de réinsertion.

Pour améliorer les conditions de détention, il faudrait que les États acceptent de débloquer plus de fonds. Ce qui semble impossible pour le porte-parole du département de correction et réhabilitation californien, Jeffrey Callison, qui estime que «le coût de chaque prisonnier est de 80.000 dollars par an». Il faut payer les gardiens, la sécurité, la nourriture, ce qui empêcherait de rémunérer davantage les prisonniers.

Cet été en France, les conditions de détention ont elles aussi été pointées du doigt par quatre détenus de Villepinte, qui ont montré au monde extérieur l'état des cellules surchargées et insupportables à cause de la chaleur. L'Observatoire international des prisons alerte chaque année sur les conditions d'incarcération, cinquante-trois prisons françaises sont en situation de surpopulation extrême.


slate.fr-20-08-18
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Message  Tatie Mer 22 Aoû 2018, 08:33

je ne sais pas si un mouvement d'une telle ampleur serait possible en France ...

en tout cas j’espère que cette solidarité et cette volonté seront durables et qu'ils réussirontt à faire bouger les lignes !

affaire à suivre, donc.
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Message  Tatie Lun 18 Mar 2019, 14:25

Au Royaume-Uni, une prison œuvre pour et avec les familles


Depuis une dizaine d’années, la prison privée de Parc, au Pays de Galles, a entièrement repensé son organisation en matière de relations entre les détenus et leurs proches. Au point de devenir un « modèle » qui suscite de l’intérêt au-delà des frontières du pays. Parmi ses innovations, un projet qui prévoit l’accompagnement des détenus, mais aussi de leurs familles.
.

« On parle tout le temps de réformer les prisons mais je pense qu’une chose échappe souvent aux responsables politiques qui veulent réformer : c’est que si vous ne vous intéressez qu’à ceux qui sont en prison maintenant, vous n’avez fait que 50 % du boulot. » Corin Morgan Armstrong, responsable des relations avec les familles pour les services de détention du groupe G4S, qui gère la prison, en est tellement persuadé qu’il a piloté un projet inédit consistant à travailler avec les prisonniers mais aussi avec leurs familles et proches. Il s’agit de réparer les dommages causés par l’incarcération d’une personne sur son entourage mais aussi de travailler avec l’ensemble des membres de la famille autour des différentes problématiques qu’ils rencontrent. À l’origine du projet, un triple objectif : améliorer le bien-être des familles de détenus, leur qualité de vie et leur insertion sociale ; réduire les risques de récidive des personnes détenues ; mais aussi réduire les risques de « délinquance intergénérationnelle ». Selon une étude britannique en effet, 65 % des garçons dont un père est incarcéré seront amenés à commettre des actes délinquants1. En cause notamment, selon une autre étude, les conséquences du traumatisme de la séparation, la pression économique et sociale et la stigmatisation2. À l’inverse, relève Corin Morgan Armstrong, « on ne peut continuer à ignorer les résultats de nombreux travaux de recherche qui mettent en avant le lien de causalité entre le maintien des relations avec les proches et la réduction de la délinquance et des risques de transmission entre générations ».

Grâce à un financement de la loterie nationale, la prison de Parc a donc mis en place, à partir de 2012, un projet expérimental nommé Invisible Walls (les murs invisibles). Au programme, un accompagnement sur dix-huit mois (douze mois avant la libération et six mois après) de prisonniers et de leurs proches ciblés en raison des problématiques familiales et difficultés sociales qu’ils rencontrent. Chaque famille est suivie par un membre de l’équipe qui sera son « mentor ». Après une période d’évaluation, un plan d’action est défini : un programme taillé sur mesure en piochant dans une large palette d’activités et de prises en charge proposées en lien avec divers interlocuteurs extérieurs, institutionnels et associatifs. Pour les pères, cela peut être un travail sur la parentalité, sur les problèmes d’addiction, de violence domestique, mais aussi un accompagnement à la recherche d’emploi ou de formation. Pour les proches, des groupes de parole, un accompagnement sur les problématiques d’addiction, de parentalité, de logement, etc. Des actions spécifiques sont également mises en place à l’attention des enfants, notamment en collaboration avec les écoles. Enfin et surtout, le projet prévoit des temps tous ensemble, proches et détenus, au sein d’un espace dédié qui se veut accueillant et chaleureux. Y sont disponibles tout un tas d’activités visant à rétablir le dialogue, mais aussi à retrouver ou réapprendre les gestes du quotidien : donner le bain à un nourrisson, faire ses devoirs avec un plus grand, etc. « C’était comme un nouveau début pour moi et mon père »3, raconte la fille d’un détenu. La famille n’est pas pour autant idéalisée. « Il ne s’agit pas de faire des familles heureuses », précise Corin Morgan Armstrong. « D’ailleurs, je ne sais pas bien ce que ça veut dire. » Il s’agit plutôt de réparer, renouer. La famille s’entend ici de manière extensive et inclut tous « ceux qui comptent », pour prendre en compte les parcours parfois chaotiques des personnes détenues qui participent au projet.

Spécificité du programme, il a été accompagné pendant toute sa phase expérimentale par une équipe de recherche de la South Wales University chargée d’en évaluer la mise en œuvre et d’en mesurer l’impact. Le rapport de recherche, publié en décembre 2017, conclut au « succès exceptionnel » de ce projet, « qui a eu un impact positif significatif sur la vie des prisonniers et de leurs familles » et « a le potentiel pour avoir un effet majeur au niveau national (et même international) sur les réflexions politiques et pratiques concernant les enfants et familles de prisonniers »4. Le taux de personnes détenues ayant des problèmes d’addiction est passé de 89 à 20 % et de 15 à 5 % pour leurs proches adultes. La proportion des détenus sans emploi est passée de 80 avant leur incarcération à 25 % à l’issue du projet, et de 69 à 46 % pour leurs proches. L’étude relève une amélioration importante du bien-être des différents membres des familles ayant participé – au total 349 personnes dont 83 détenus.

Pour Anna Clancy, coauteure de la recherche, qui vient de remporter le prix Best future impact (meilleur impact futur) de la South Wales University, l’un des intérêts du projet vient aussi de la manière dont il a évolué. « Lorsqu’il a commencé, l’attention portait surtout sur les risques de récidive des personnes détenues. Mais au fur et à mesure de son développement, l’attention s’est portée davantage sur les familles, et en particulier sur les besoins des enfants. Le partenariat mis en place avec les écoles et enseignants en est un très bon exemple » (voir encadré ci-dessous). L’administration pénitentiaire et le groupe G4S ont décidé de continuer à financer le projet, devenu un « service », après sa phase pilote. Un succès pour Corin Morgan Armstrong, qui pointe cependant que le véritable défi n’est pas seulement financier : « Mettre en place un tel projet demande un changement d’état d’esprit et de culture et, pour de nombreuses prisons, ça peut être plus difficile que de trouver de l’argent. » D’ailleurs, précise Anna Clancy, « l’une des raisons pour lesquelles le projet Invisible Walls a pu se mettre en place et être accepté, c’est que la prison de Parc avait déjà une approche tournée vers la famille ».

Une aile dédiée

C’est là en effet que s’est ouverte, en 2010, la première Family Intervention Unit (unité d’intervention familiale) du pays : une aile de la prison où sont logés des détenus qui ont été identifiés comme ayant des difficultés importantes dans leurs relations avec leurs proches, en lien avec leur comportement délinquant. Des activités et interventions sont proposées aux membres de la famille, séparément et ensemble : au total, dix-neuf programmes essentiellement centrés sur la parentalité et l’accompagnement des enfants. C’est là notamment que résident les détenus qui participent à Invisible Walls afin de bénéficier des activités proposées. Mais l’unité ne dispose que de 64 places pour 1 700 détenus. Pour l’intégrer, il faut avoir été évalué avec des besoins particulièrement élevés. Et accepter d’être soumis à des règles spécifiques : chaque détenu signe un contrat, s’engage à obéir aux « six principes du père de famille »5, a l’obligation de suivre des activités et de se soumettre une fois par mois à un test de dépistage de drogues. En échange, il bénéficie de plus de moments partagés avec ses proches et de meilleures conditions de détention, avec notamment une douche dans chaque cellule.

Un système de récompenses qui s’inscrit dans le cadre d’une politique nationale appelée Incentive and Earned Priviledges (encouragements et privilèges mérités) initiée au Royaume-Uni en 1995 et qui constitue l’un des piliers de la politique pénitentiaire du pays. Mais qui fait l’objet de controverses : souvent vécue comme « injuste » par les personnes détenues6, elle est pointée par des associations britanniques comme étant parfois arbitraire et obéissant à une logique davantage punitive qu’incitative, privant certains détenus de droits qui ne devraient pas relever de privilèges (accès au travail, lien avec l’extérieur, etc.). « Ça pose la question de savoir si tous les détenus de l’ensemble des bâtiments devraient bénéficier du programme ou s’il est préférable de le circonscrire en se concentrant sur un nombre limité de personnes », reconnaît Anna Clancy, avant de nuancer : « Certains des prisonniers avec lesquels je me suis entretenue ne souhaitaient pas intégrer l’unité, tout simplement parce qu’ils ne voulaient pas que leurs familles viennent à la prison. » Surtout, précise-t-elle, « c’est toute la prison qui a une approche tournée vers les familles, et cela bénéficie à l’ensemble des personnes qui y sont détenues ».


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Message  Tatie Lun 18 Mar 2019, 14:27

suite/.../

Les conditions de visites « revisitées »

« Quand j’ai pris la responsabilité du département des relations avec les familles, l’organisation des parloirs était contrôlée par le département sécurité, comme dans toutes les prisons », raconte Corin Morgan Armstrong. « J’ai proposé d’en prendre la supervision. J’ai recruté des personnes qui avaient envie de travailler dans une logique davantage réhabilitative et tournée vers le maintien des relations avec les proches. C’est une équipe permanente, ce qui permet de créer un lien avec les familles, alors qu’avant les personnes n’étaient jamais les mêmes. » Le hall des visites a également été transformé. « Avant c’était vraiment austère, il n’y avait rien pour les enfants, tout n’était qu’interdits pour eux. Au total, la visite était une expérience très intimidante, et qui pouvait faire peur », se rappelle-t-il.

Depuis, les lieux ont été décorés et réaménagés : un café a été ouvert, des aires de jeux ont été créées ainsi que des espaces protégés pour allaiter, changer ou laver les bébés. Des salons privés permettent d’accueillir les familles dans un endroit plus intime. Des intervenants extérieurs y proposent également des activités. Trois fois par an, des rencontres parents-professeurs sont organisées : les enseignants des enfants y viennent à la rencontre de leurs parents incarcérés. « Je n’ai plus peur de parler avec les professeurs du travail de mon fils. Je détestais l’école et je suis toujours resté à distance parce que je pensais que les enseignants aller me juger. X est tellement content que j’aie rencontré son enseignant ! », témoigne un père7. Les règles, notamment en matière de sécurité, sont pourtant les mêmes que dans les autres établissements.Mais c’est l’approche qui diffère. « On travaille dans le cadre des règles mais on maximise les opportunités qu’elles nous offrent. Le hall des visites est le seul espace ou le dedans rencontre le dehors dans un environnement sécurisé. C’est une opportunité formidable. On l’utilise pour faire venir des ressources de l’extérieur. Je le conçois comme un service public », explique Corin Morgan Armstrong.« Au total, la sécurité s’est améliorée, précise-t-il. Avant 2010, nous avions en moyenne un incident violent par semaine aux parloirs. Depuis, nous en avons eu trois en huit ans ».

En 2014, un centre d’accueil des familles a été ouvert à l’extérieur de la prison, géré par Bernardo’s, l’une des principales organisations de défense des droits de l’enfant du pays. C’est désormais là que les proches sont accueillis et que se font les réservations des parloirs. Le lieu est aménagé avec cafétéria, aire de jeux, télévision, etc., et l’équipe de Bernardo’s accueille, conseille et accompagne les familles. Une brochure spécifique a été conçue pour expliquer aux enfants le processus de visite et leur présenter les conditions de vie de leur parent en prison. Les transports de et vers la prison sont également facilités : une navette gratuite dessert la gare la plus proche et des tarifs ont été négociés avec la compagnie de taxis locale. La prison propose par ailleurs des modes de communication numériques avec la possibilité, pour les proches à l’extérieur, d’envoyer des e-mails, de laisser des messages vocaux ou d’échanger par Skype avec les détenus. Pour tous ces services, une équipe dédiée, composée de personnels de la prison et de bénévoles, sert d’interlocuteur aux proches. Quand l’équipe n’est pas disponible, les familles ont la possibilité d’appeler une ligne téléphonique ouverte 24 h sur 24. Un chiffre en particulier permet de mesurer les effets de ces mesures : 77 % des personnes détenues à Parc reçoivent de la visite, contre 48 % dans les autres prisons du pays.

Vers une politique nationale ?

Louée par l’Inspection des prisons comme « radicale, innovante et probablement la meilleure que nous ayons vue dans toutes les prisons » 8 , la politique vis-à-vis des proches mise en place à la prison de Parc génère une attention grandissante. Quatre unités d’intervention familiales ont été ouvertes dans d’autres prisons du royaume. Au-delà des frontières nationales, un projet pilote devrait bientôt voir le jour dans plusieurs établissements pénitentiaires néerlandais, avec un partenariat de recherche avec la South Wales University, et d’autres, aux États-Unis, en Australie, à Singapour, regardent avec intérêt vers la prison de Parc. Surtout, le « modèle » qui y a été développé semble commencer à imprégner les politiques nationales. En 2017, le ministère de la Justice britannique a commandité une étude sur « l’importance de renforcer les liens familiaux des personnes détenues pour prévenir la récidive et la délinquance intergénérationnelle »9. L’étude identifie Parc comme « l’exemple le plus clair de bonne pratique » en la matière. En sont issues dix-neuf recommandations qui ont toutes été entérinées par le ministère de la Justice. Avec un effet domino : l’Inspection des prisons a intégré une nouvelle section au document qui liste les « exigences » que pose l’organe de contrôle quand il inspecte des lieux de détention. Quarante-six points concernent dorénavant les familles et enfants de détenus, qui n’étaient jusque-là pas pris en compte. Pour s’y conformer, l’administration pénitentiaire a publié un guide afin d’orienter les pratiques des établissements pénitentiaires. Tout chef d’établissement doit désormais produire, chaque année, un document stratégique présentant sa politique vis-à-vis des familles et proches. À partir de 2020, ils devront respecter des indicateurs de performance en la matière.

« Pour quelqu’un comme moi, qui travaille sur ces questions au sein de l’administration pénitentiaire depuis vingt ans sans objectifs, sans indicateurs à mesurer, sans rendre de comptes à personne, les changements opérés ces dix-huit derniers mois sont immenses et extrêmement prometteurs », se félicite Corin Morgan Armstrong. Comment expliquer de tels développements ? En partie par la crise pénitentiaire que connaît le pays depuis quelques années. « Les deux, trois dernières années ont été une période difficile pour les prisons du Royaume-Uni. Peut-être que cela a permis qu’un regard nouveau soit posé sur les travaux académiques afin d’y chercher des solutions. La question des liens avec les proches était là, devant eux, mais ils ne s’en étaient jamais saisis. C’est désormais chose faite. »

Les écoles au cœur d’une nouvelle dynamique
Le projet Invisible walls a donné naissance à un nouveau projet, Invisible Walls Accord, centré sur l’accompagnement en milieu scolaire et éducatif des enfants dont un parent est incarcéré. Il est piloté par l’ONG Bernardo’s qui dispense des formations à l’ensemble des établissements scolaires du sud du Pays de Galles afin de les sensibiliser aux conséquences de l’incarcération d’un parent. « Souvent, les écoles ne savent pas qu’elles accueillent des enfants dont un proche est incarcéré. Cela facilite le travail de repérage », explique Christine Short, membre de l’équipe de Bernardo’s. Tous les élèves de l’école suivent également une courte session de sensibilisation, afin de réduire les risques de harcèlement. Enfin, l’association met à la disposition des enseignants une « boîte à outils » pour les accompagner dans le suivi et la prise en charge de ces enfants. « L’objectif est de créer un environnement bienveillant et protecteur », résume Christine Short. En Angleterre et au Pays de Galles, plus de 200 000 enfants ont un parent incarcéré.


(1) “Parental imprisonment: effects on boys' antisocial behaviour and delinquency through the lifecourse”, J. Murray, D. P. Farrington, Journal of Child Psychology and Psychiatry, décembre 2005.
(2) “The effects of parental imprisonment on children”, J. Murray, D. P. Farrington, in M. Tonry (éd.), Crime and justice: A review of research, vol. 37, University of Chicago Press, 2008.
(3) Prisoners’ children and families: Can the walls be « invisible »? Evaluation of Invisible Walls, A. Clancy, M. Maguire, University of South Wales, décembre 2017.
(4) Op. cit.
(5) Ne pas avoir de dettes ou se droguer, privilégier ses enfants, sa famille et sa liberté sur tout acte délinquant, apprécier et protéger ses enfants, surmonter ses difficultés sans abandonner, sacrifier ses volontés et besoins à ceux de ses proches.
(6) “An exploration of prisoners’ perceptions of the Incentives and Earned Privileges (IEP) scheme: The role of legitimacy”, Zarek Khan, Prison Service Journal, septembre 2016, n° 227.
(7) Cité dans HMP& YOI Parc 2018, Family and significant others strategy.
( 8 ) Report on an unannounced inspection of HMP/YOI Parc by HM Chief Inspector of Prisons, 30 novembre – 1er décembre 2015, 18-22 janvier 2016.
(9) The Importance of Strengthening Prisoners’ Family Ties to Prevent Reoffending and Reduce Intergenerational Crime, Lord Farmer, août 2017.


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Message  Tatie Lun 18 Mar 2019, 14:33

c'est une initiative intéressante en tout cas,
meme si elle laissera sur le carreau un certain nombre de détenus ne rentrant pas dans les codes définis.

la France est-elle prête pour ce genre de chose?
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Message  Tatie Jeu 11 Avr 2019, 10:19

Philippines.

Un millier d'enfants sont en prison à Manille. Aux Philippines, ils peuvent être détenus dès l'âge de neuf ans. Parfois, pour des actes de violence ou de délinquance classique, mais aussi souvent pour des faits anodins, pour vagabondage ou pour le port d'un simple tatouage. Commence alors pour eux une détention dans des conditions épouvantables. Dans la prison de Molave à Quezon-City, ils s'entassent dans trois cellules de trente-cinq mètres carrés. Et ils sont quatre-vingt par cellule…


Nous avons pu filmer les enfants détenus à Caloocan, dans la banlieue nord de Manille. Parmi eux, Erwin et Allan, dix ans seulement. Le premier a volé de l'argent au profit d'un adulte qui le menaçait. Le second a dérobé des canettes de soda. Dans cette prison, il y a ces gosses de dix à dix-huit ans mais aussi un millier d'adultes. À l'intérieur des murs, ce sont trois gangs qui font la loi et les gardiens, même s'ils sont armés, ne gardent pas grand-chose… Personne ne peut protéger les plus jeunes des coups et des violences sexuelles. L'enquête révèle aussi que des mineurs se trouvent actuellement dans les couloirs de la mort du pénitencier national de Muntin Lupa. Même si les autorités philippines le nient, huit gosses sont actuellement menacés de mort, alors que les exécutions doivent reprendre, après deux ans de suspension.



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Message  Tatie Jeu 11 Avr 2019, 10:22

le mec qui demande à ce qu'on aide ces enfants à sortir a bien raison, mais comment faire?

10 ans, incarcéré ! est-ce vraiment croyable au 21eme siècle?
ils ne voient , n’imaginent pas leur avenir... après toues ces violences, comment le pourraient-ils?

dingue, dingue dingue..
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Message  Tatie Jeu 29 Aoû 2019, 12:38

Suisse

Une mort digne aussi pour les détenus

Derrière les portes de prison, on trouve aussi - et de plus en plus d'ailleurs - de personnes âgées.

En Suisse, les prisons ont été conçues pour les délinquants âgés de 20 à 30 ans qui sont libérés une fois leur peine purgée. Mais les personnes âgées y sont de plus en plus nombreuses: en 2017, on dénombrait 828 détenus de plus de 50 ans. Or les établissements pénitentiaires ne disposent pas de l'infrastructure nécessaire. Pour certains, la prison n'est pas seulement un endroit où vivre, c'est aussi un endroit où finir sa vie.

«Personne ne devrait mourir en prison contre sa volonté, souligne l'anthropologue Ueli Hostettler. La question de la mort est quelque chose qui, d'une certaine façon, solidarise les gens. Il y a des personnes qui pensent qu’elles sont différentes parce qu’elles ont accompli des choses. Mais à l’heure de la mort, nous sommes tous
La prison de Lenzburg a fait oeuvre de pionnier en ouvrant une unités spéciale pour les détenus âgés.


L'étude a révélé que les prisons suisses, conçues pour les délinquants âgés de 20 à 30 ans, ne sont pas prêtes à répondre aux besoins des plus de 50 ans, une population en croissance et aux besoins différents.

Laboratoires pour les prisons du futur

Dans certains centres pénitenciers, des sections spéciales ont été conçues pour les détenus âgés. La prison de LenzburgLien externe (Argovie) a fait œuvre de pionnier avec son unité «60 plus», qui compte 12 places, tandis que la prison de PöschwiesLien externe (Zurich) peut accueillir jusqu’à 30 détenus dans son unité «Âge et santé».

«Ces espaces représentent un premier pas vers un traitement humain du vieillissement et de la mort des détenus âgés. Ce sont des sortes de laboratoires pour le développement futur des prisons suisses en ce qui concerne les personnes âgées», indique Ueli Hostettler.


[Actu] Prisons d'ailleurs. 1911



Dans la prison de Lenzburg, l'unité «60plus» est spécialement adaptée aux besoins des détenus âgés.

Or cette population carcérale est en augmentation. En 1984, on comptait 212 détenus de plus de 50 ans. En 2015, ce nombre avait plus que triplé (704) et en 2017, il atteignait 828, dont 56 de plus de 70 ans, selon l’Office fédéral de la statistique Lien externe. Et le mouvement va continuer. Selon les projections, le nombre de détenus âgés sera multiplié par 3 d’ici à 2030 (par rapport à 2015), par 6 d’ici à 2040 et par 9 à 11 d’ici à 2050.

Ce nouveau profil démographique s'explique notamment par le vieillissement de la population en général, par le vieillissement prématuré dû à la vie carcérale, par l'augmentation de la criminalité à un âge avancé et, surtout, par le durcissement des lois, l'application de peines plus sévères et la réticence à accorder la liberté conditionnelle.


Sans espoirs ni perspectives
«Il y a des gens pour qui il n’existe presque aucun espoir de libération, et il y en a de plus en plus. Sous nos yeux, les prisons se remplissent, en particulier les six prisons fermées [de haute sécurité] de Suisse, avec des gens qui n'ont pas d'avenir», souligne Ueli Hostettler.

Cela implique un conflit entre la logique carcérale traditionnelle axée sur la punition et la réinsertion, mais non sur les besoins des détenus, et la logique d'attention et de soins imposée par une population carcérale d’un certain âge. Les membres du personnel pénitentiaire eux-mêmes n'ont pas la formation nécessaire pour faire face aux nouvelles exigences, pour lesquelles il n'existe d’ailleurs pas non plus de directives précises.

«Les prisons manquent d'infrastructures adéquates et de personnel formé, il n'y a pas de sections spécialement adaptées pour les détenus mourants et, surtout, la mort naturelle n'est pas reconnue dans les règlements, les processus et les pratiques pénitentiaires», explique Ueli Hostettler.

«Il n’existe pas de législation spécifique sur la fin de la vie en prison, souligne-t-il. Beaucoup de détenus craignent que leur dernière heure ne survienne dans la solitude de leur cellule ou durant les allées et venues entre l'hôpital et la prison. Ce n'est pas digne», déplore le chercheur.

Exigence de sécurité
Il existe des mécanismes juridiques permettant de libérer les détenus en fin de vie (art. 80 et 92 du Code pénalLien externe), mais «les autorités responsables préfèrent ne pas prendre de risques. La société exige 100% de sécurité et pas de récidive, mais ces 100% n'existent pas», souligne notre interlocuteur.

Ce dernier ajoute que les soins médicaux pour les détenus au début de l'âge adulte répondent principalement aux cas d'accidents résolus en ambulatoire. Quant aux décès, ils sont surtout dus à des homicides ou à des suicides et représentent un échec dans le système pénitentiaire.

Mais parmi les détenus plus âgés, les problèmes de santé sont autres, plus aigus, chroniques et mortels. Et les circonstances de leur mort sont différentes.

Il existe des prisons avec des médecins sur place. D'autres recourent aux médecins des environs. Les hôpitaux universitaires de Genève, Lausanne et Berne disposent d'unités protégées pour le traitement et la convalescence des détenus. Cependant, ceux qui sont considérés comme dangereux n'ont pas la possibilité d'avoir accès à des traitements spécifiques, par exemple les soins palliatifs, comme le reste de la population.

Principe d’équivalence
«La base légale en Suisse stipule que la seule chose qui est limitée aux personnes incarcérées est la liberté de mouvement, mais que tout le reste doit être équivalent, y compris le système de santé», souligne Ueli Hostettler.

Toutefois, tant sur le plan médical que dans d’autres domaines, la prévalence de la sécurité impose des restrictions importantes, de sorte que les détenus considérés comme dangereux ne sont ni libérés pour passer leurs derniers jours chez eux, ni transférés dans des foyers pour personnes âgées ou d'autres établissements appropriés.

«Si, pour des raisons de sécurité, les détenus en fin de vie ne peuvent être suivis dans des unités spécifiques à l'extérieur de la prison, ces unités doivent être créées à l'intérieur», estime Ueli Hostettler.

Un débat public s'impose d'urgence
Ce dernier souligne également la nécessité urgente de former le personnel pénitentiaire, d'établir des directives précises et, surtout, de sensibiliser le public.

«Si le besoin de sécurité entraîne une augmentation du nombre de personnes qui vieillissent et meurent en prison, cette responsabilité doit être assumée», souligne-t-il. A cette fin, il estime qu'il est urgent d'organiser un débat public: «Ce débat porte sur nos valeurs humanitaires. Une société responsable et démocratique doit trouver une réponse. On ne peut pas durcir les lois sans réagir aux conséquences.»

* Par le biais de méthodes ethnographiques, d’études de cas et d’analyses juridiques, les chercheurs des universités de Berne et de Fribourg (U. Hostettler, I. Marti, M. Richter, S. Bénard et N. Quelioz) ont réalisé le projet «Fin de vie en prison – contexte juridique, institutions et acteursLien externe» dans le cadre du Programme national de recherche PNR67 «Fin de vieLien externe» (2012-2016) du Fonds national suisse de la recherche scientifiqueLien externe. Ils ont effectué 60 entretiens avec les autorités judiciaires, des détenus et du personnel pénitentiaire et ont examiné durant trois mois les conditions de vie dans les prisons de Lenzburg et de Pöschwies.

23/08/19 swissinfo.ch
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Message  Tatie Jeu 10 Oct 2019, 13:43

Japon : “pourrir dans la solitude”



témoignage à l’occasion de la 17e Journée mondiale contre la peine de mort

La Coalition mondiale contre la peine de mort et d’autres organisations en faveur de l’abolition célèbrent, le 10 octobre 2019, la 17e Journée mondiale contre la peine de mort. L’événement coïncide avec le 30e anniversaire de la création de la Convention internationale des droits de l’enfant et inspire le thème adopté cette année. La Journée est consacrée aux enfants dont les parents sont condamnés à mort ou ont été exécutés. Cette expérience, traversée au cours de l’enfance, laisse d’importantes cicatrices. Cette série de témoignages donne la parole à ces enfants qui ont grandi dans l’ombre de la mort. Ils racontent ce que représente pour eux la peine capitale.

Elles sont deux, sur les 118 personnes condamnées à mort au Japon, à avoir des enfants. Masumi Hayashi a trois filles et un fils. Son fils, C. Hayashi, avait 10 ans au moment de son arrestation et 15 ans lorsque sa première condamnation à mort a été prononcée. Il a maintenant 31 ans. Voici son témoignage, recueilli par l’organisation Japan Innocence and death penalty information center.



À quelle fréquence rendez-vous visite à votre mère ?

C. Hayashi. J’avais l’habitude d’y aller deux fois par an, mais après les pendaisons massives en 2018, ma mère est devenue nerveuse. Je m’y rends désormais quatre fois par an. Il faut plus de deux heures pour parvenir au centre de détention et je ne peux la voir que 20 minutes. Un officier est toujours présent dans la salle et une caméra filme tout. La caméra n’est utilisée que pour les condamnés à mort.

Votre famille comprend-elle la situation ?

CH. Aucun d’entre nous ne peut vraiment comprendre. Il n’y a pas de preuve substantielle, tout ce qui existe est circonstanciel. Il n’y a pas d’aveux et l’État n’a jamais mis en évidence un quelconque mobile. Comment une personne peut-elle être condamnée à mort sur la base d’éléments aussi peu tangibles ?

Comment va-t-elle ?

CH. Pas très bien. Les personnes condamnées à mort ne reçoivent pas de soins dentaires et elle a perdu la plupart de ses dents. Elle n’est autorisée à sortir de sa cellule que pour faire de l’exercice, prendre une douche et recevoir des visites. Il lui est permis de faire de l’exercice deux fois par semaine dans un large enclos - et toujours seule. La toilette est aussi possible deux fois par semaine.

Elle ne peut pas parler aux autres personnes détenues et tous les repas sont servis en cellule. La télévision n’est autorisée que quelques fois dans l’année, lorsqu’il y a des jours de vacances consécutifs.

Elle ne peut pas recevoir de visites ou des courriers de personnes extérieures aux membres de sa famille. On lui révèle qui est l’expéditeur de son courrier, mais elle ne peut pas le consulter.

Avoir une mère dans le couloir de la mort a-t-il eu un impact sur votre vie ?
CH. Les choses étaient difficiles à l’école, j’étais isolé et ignoré des autres enfants. Naturellement, mon employeur n’est pas au courant de ma situation. Pour louer un appartement, un garant est nécessaire. Je n’en trouve aucun. J’avais rencontré une femme merveilleuse et je voulais me marier. Cela ne la dérangeait pas que ma mère soit dans le couloir de la mort, mais quand ses parents ont appris la nouvelle, les fiançailles ont été rompues.

Craignez-vous que votre mère soit exécutée ?
CH. Nos avocats font un excellent travail de collecte de nouvelles preuves scientifiques. Les recours vont encore se poursuivre de nombreuses années. Il est très peu probable qu’elle soit exécutée dans un futur proche. Elle pourrait très bien croupir dans le couloir de la mort et mourir de vieillesse. Si elle était condamnée à perpétuité, elle serait dans une prison, travaillerait et communiquerait avec d’autres détenus. Son destin actuel est de pourrir dans la solitude


prison insider 10-10-19


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Message  Tatie Jeu 10 Oct 2019, 13:45

Pakistan : des mineurs dans les couloirs de la mort

Des mineurs sont condamnés à mort. Leurs conditions de détention sont déplorables.

On estime à 5 000 le nombre de personnes dans les couloirs de la mort pakistanais ; il s’agit de l’un des nombres les plus élevés au monde.1 La population des condamnés à mort au Pakistan représente un quart de l’ensemble des condamnés à mort du monde. Les défenseurs des droits humains font régulièrement entendre leurs inquiétudes sur les dysfonctionnements du système judiciaire pakistanais, le grand nombre d’infractions passibles de la peine de mort (33) et les catégories de personnes concernées par la condamnation à mort, à savoir les plus vulnérables financièrement, les personnes souffrant de troubles psychiques et les mineurs. On ne dispose, à ce jour, d’aucune estimation du nombre de mineurs dans les couloirs de la mort.

Sarmad Ali est avocat spécialisé dans la défense des personnes vulnérables et des mineurs qui risquent la peine de mort. Il travaille dans le Pendjab, une région qui représente 89 % de l’ensemble des condamnations à mort prononcées depuis la levée, en 2014, du moratoire sur les exécutions. Prison Insider lui adresse trois questions.

Des mineurs ont récemment été envoyés à la potence, malgré leur jeune âge au moment des faits supposés pour lesquels ils ont été condamnés.
Prison Insider. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre travail et votre engagement au Pakistan ?
Sarmad Ali. Je dirige une organisation nommée Legal Awareness Watch (LAW). Nous nous opposons fermement à l’usage de la peine de mort et de l’emprisonnement à perpétuité à l’encontre des mineurs et des personnes vulnérables. Depuis sa création, en 1999, LAW apporte gratuitement une assistance juridique et défend les prisonniers vulnérables passibles de ces peines. Nous les représentons devant toutes les instances juridiques et administratives, par le plaidoyer et le discours juridique. Mon mandat consiste, en partie, à rendre régulièrement visite aux prisonniers isolés et vulnérables condamnés à mort ou à perpétuité ou passibles de ces peines, dans un certain nombre des 41 prisons du Pendjab..

LAW a pour objectif de transformer la justice pénale pakistanaise pour la rendre conforme à la Déclaration universelle des droits de l’homme et à un certain nombre d’autres textes et traités protégeant les droits humains. C’est pourquoi nous nous opposons aux lois de notre pays qui nous semblent inhumaines, comme la loi sur le blasphème (Section 295 C du Code pénal du pakistanais de 1908) et la loi spéciale sur les stupéfiants. Le blasphème, les infractions liées aux stupéfiants et d’autres crimes « ordinaires », comme le meurtre ou le vol avec meurtre sont passibles de la peine de mort.

Des mineurs ont récemment été envoyés à la potence, malgré leur jeune âge au moment des faits supposés pour lesquels ils ont été condamnés. Par exemple, Ansar Iqbal et Shafqat Hussain, exécutés en 2015 par le Pakistan, avaient respectivement 15 et 14 ans au moment de leur condamnation. Au Pakistan, la peine de mort est utilisée contre les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables. LAW veut faire entendre sa voix face à cette brutalité, cette barbarie.

Le taux de suicide augmente dans les prisons pakistanaises, tout particulièrement chez les condamnés à mort.
PI. Vous rendez régulièrement visite à des personnes condamnées à mort. Quelles sont leurs conditions de détention ?
SA. On sait que les conditions de détention dans les couloirs de la mort sont misérables. Ils sont seuls, démoralisés. Personne, hormis leur famille, n’écoute leur ressenti, ne s’intéresse aux menaces qui pèsent derrière les barreaux. Souvent, les prisonniers du couloir de la mort sont témoins de la mort atroce de codétenus, due aux conditions déplorables d’hygiène et à la qualité de la nourriture.

Dernièrement, le programme de contrôle du SIDA dans le Pendjab a envoyé des médecins dans les 41 prisons de la province. Ils ont prélevé des échantillons de sang des tous les prisonniers pour vérifier l’infection par le VIH/SIDA. Un grand nombre de prisonniers des couloirs de la mort sont infectés. Les conditions de détention sont également misérables à cause du surpeuplement.

Les prisonniers n’ont, dans leur cellule, ni toilettes, ni endroit pour dormir qui leur soient propres. Le taux de suicide augmente dans les prisons pakistanaises, tout particulièrement chez les condamnés à mort. Cette augmentation s’explique par l’absence d’humanité derrière les murs de toutes ces prisons et par la misère sans bornes qui y a cours, le tout causé par les dysfonctionnements du système judiciaire pakistanais, sous la coupe d’individus aux poches bien pleines.

PI. Vous vous consacrez particulièrement à la défense des mineurs condamnés à mort ou risquant la perpétuité. Quelle est la situation actuelle au Pakistan ?
SA. Les mineurs sont ceux qui souffrent le plus. Le Pakistan a adpoté, en 1990, la Convention internationale des droits de l’enfant, pour élever le statut social des enfants dans le pays et répondre à un certain nombre de phénomènes de maltraitance, à tous les niveaux de la société. L’Ombudsman fédéral a récemment publié un rapport selon lequel, à l’heure actuelle, environ 1 230 mineurs sont incarcérés au Pakistan.
LAW a adressé un courrier à l’Ombudsman et aux autorités gouvernementales compétentes pour demander des informations sur le nombre de mineurs condamnés à la peine de mort et à la perpétuité. Nous n’avons reçu aucune réponse. Il semble que le gouvernement ne veuille pas que le public ou la communauté internationale sache combien de mineurs, exactement, sont condamnés à mort ou à perpétuité sur le territoire dont il a la responsabilité.

LAW demande, à tous les forums juridiques, auprès du grand public et de toutes les parties prenantes, d’avoir pitié des enfants, quand bien même ils sont accusés ou condamnés pour les crimes les plus odieux. Les enfants et les personnes vulnérables méritent une deuxième chance.

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Message  Fred Jeu 10 Oct 2019, 18:04

ce sont de drôles de pays que ceux où la religion majoritaire est la loi.

Par exemple depuis plus de cinq ans dans ce grand pays ami de la France qu'est L'Arabie Saoudite par exemple, un jeune homme a été condamné à mort parce que Chiite pris dans une manifestation dans un pays à majorité sunnite, il n'a toujours pas été exécuté mais... https://www.facebook.com/CNEWSofficiel/videos/10153408554306977/

autre exemple les Maldives et pourtant il suffirait que les touristes s'émeuvent pour qu'on arrête de zigouiller des mômes (heu pardon on les garde en cage, jusqu'à leur majorité)

bref, il n'y a pas de quoi se réjouir.

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Message  Tatie Jeu 31 Oct 2019, 12:46

Cameroun : "certains condamnés à mort sont devenus fous"

Le nombre de condamnations à mort est en augmentation depuis 2015, suite à l’entrée en vigueur d’une loi antiterroriste. Aucune exécution n’est recensée depuis 1997. On estime, en 2018, que 330 personnes sont détenues en attente de leur exécution. La plupart est incarcérée pour actes de terrorisme à la prison de Maroua.

L’organisation Ensemble Contre la Peine de Mort publie, en 2019, la mission d’enquête "Condamnés à l’oubli : les couloirs de la mort au Cameroun". Une équipe d’avocats rencontre, entre mai et octobre 2018, 37 condamnés à mort détenus dans différentes prisons du pays. Ils témoignent de leurs conditions de détention. Nous publions ici un extrait de ces entretiens.



Didier, condamné à mort détenu à Yaoundé
Je suis détenu depuis près de 15 ans. Ici, les condamnés à mort sont séparés des autres prisonniers. Nous dormons sur une planche. Il n’y a pas de douches dans nos cellules. Nous devons faire nos besoins la nuit dans un seau, qui est vidé le matin par un détenu. Dès le matin, nous sommes libres de nos mouvements au sein de la prison. Nous pouvons faire du sport, de la lecture, nous déplacer. Mais en tant que condamnés à mort, nous faisons l’objet de discriminations. Certains d'entre nous ont été maltraités.

Notre condamnation à mort fait de nous des hommes sans droits. Nous n’avons plus le droit de vivre.

On nous donne du riz, des arachides et des haricots. Chacun doit se débrouiller pour préparer son repas. Ici, il ne faut pas tomber malade. Car même si on te conduit à l’infirmerie de la prison, tu devras payer les prescriptions du médecin. La pharmacie n’est pas approvisionnée, et il est très difficile d’être évacué vers un centre hospitalier.
Certains condamnés à mort sont devenus fous. D’autres finissent par se convaincre qu’ils sont coupables alors qu’ils sont innocents.

Henri, condamné à mort détenu à Douala
Je suis détenu depuis une dizaine d’années. Ici, nous pouvons être séparés des autres détenus, mais j’ai choisi d’être logé en dehors du quartier réservé aux condamnés à mort. Nous sommes trois dans ma cellule, qui fait deux mètres par trois. Nous dormons sur des planches de bois. Chacun vient avec son matelas. Quand il pleut, la prison est inondée, et en saison sèche, il fait très chaud. Il n’y a pas de latrines dans la cellule. Nous devons acheter nos brosses à dents et notre dentifrice. Il y a de l’eau, mais c’est au détenu d’acheter son savon. Nous mangeons deux fois par jour, du maïs et des arachides. L’alimentation est très pauvre.
Si un détenu condamné à mort est malade, il est conduit à l’infirmerie de la prison. Le médecin chef l’examine et lui prescrit des médicaments.

Malheur au détenu s’il n’a pas d’argent pour d’acheter les médicaments. Il mourra.

Car les évacuations de condamnés à mort en dehors de la prison pour les soins sont rares. Récemment, un condamné à mort était malade. Son cas était préoccupant et nécessitait une prise en charge médicale sérieuse. Nous l’avons signalé à l’administration. Mais comme c’était un condamné à mort, il a été abandonné là, sans soins. Finalement, lorsque l’administration a accepté son évacuation en dehors de la prison, c’était trop tard. Il est décédé. On peut devenir fou en prison.

Anna, condamnée à mort détenue à Maroua
Je suis incarcérée à la prison de Maroua depuis octobre 2014. Ici, il y a une infirmerie, mais la pharmacie est pauvre. Lorsque nos enfants, qui sont incarcérés avec nous, sont malades, c’est très difficile. C’est le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui nous vient en aide. Déjà trois personnes condamnées à mort sont décédées depuis que je suis ici.
Nous sommes isolées car nous sommes considérées comme des ennemis de la nation. Nous sommes pourtant Camerounaises et n’avons rien fait de ce que l’on nous reproche. Nos parents nous ont rendu visite une fois. Quand ils ont appris que des visiteurs avaient été interpelés, jugés et condamnés comme étant des complices de terroristes, ils ne sont plus jamais revenus.

Ali, fils d’un homme condamné à mort, détenu à Maroua
Je ne viens pas régulièrement à la prison par peur d’être arrêté et de subir le même sort que mon père qui se trouve en prison. Je viens une fois par mois, uniquement pour lui rendre visite. Les tracasseries sont courantes. Parfois il y a des insultes. Nous sommes traités de terroristes et d’ennemis de la nation. Parfois, il faut payer pour entrer en prison. Les gardiens exigent parfois 2000 FCFA. Les entretiens se font toujours en leur présence.
Depuis que mon père a été condamné à mort, ma famille est disloquée. Ma mère a fui le village par peur de représailles ou de subir de nouvelles arrestations avec les rafles du BIR1. La pauvreté est accentuée car c’est mon père qui subvenait à nos besoins. Le fiancé de ma sœur a rompu ses fiançailles parce qu’il ne nous faisait plus confiance. Mes frères et sœurs ne vont plus à l’école.

*Bataillon d’intervention rapide. Unité spéciale camerounaise et principal intervenant dans l’Extrême-Nord contre le groupe Boko Haram.


Prison insider octobre 2019
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Message  Tatie Jeu 10 Sep 2020, 14:02

A Madagascar, une spectaculaire mutinerie rappelle la situation dramatique des prisons de l’île

Fin août, 88 détenus se sont échappés du bagne de Farafangana, sur la côte sud-est. Dans la foulée, 23 ont été tués et une trentaine serait encore en cavale.


C’est un épisode sanglant qui n’a pas fini de défrayer la chronique. Dimanche 23 août, des coups de feu ont retenti dans la ville paisible de Farafangana, signalant une évasion spectaculaire de la prison, située en plein centre-ville. En tout, 88 détenus se sont échappés du bagne et 23 ont été tués par les forces de l’ordre lors de l’affrontement qui s’en est suivi.


La société civile et les organisations internationales ont aussitôt réagi : de l’Union européenne au Comité national indépendant des droits de l’homme, de nombreuses voix ont dénoncé avec vigueur l’usage disproportionné des armes dans cette répression policière. Une trentaine de détenus seraient toujours en cavale.



Les photos de cadavres des détenus, prises par les habitants, ont largement circulé sur les réseaux sociaux, contribuant à renforcer l’onde de choc dans l’opinion publique. « Selon l’explication du directeur régional pénitentiaire et du chef d’établissement, les prisonniers étaient fâchés car ils ne pouvaient pas sortir à cause du coronavirus et ils ont peur. Ils ne savaient pas quand ils pourraient sortir de la prison car il y a l’absence des procès à la justice », a expliqué, jeudi 27 août, le ministre de la justice lors d’une conférence de presse.

Conditions de vie misérables
Au-delà de la riposte meurtrière, ce fait divers sordide souligne une autre problématique : la situation carcérale intenable sur la Grande Île. « La cellule est sale et il y a plein d’insectes. On mange du manioc et du riz une fois par jour, témoigne sous couvert d’anonymat l’un des détenus de Farafangana rattrapé par les forces de l’ordre. Je suis en détention depuis sept mois et ma peine est de cinq ans. Ma famille s’occupe de moi, mais les agents pénitentiaires se servent au passage et m’ont déjà pris 600 000 ariary [134 euros]. »


La situation de ce bagne est loin d’être un cas isolé. La surpopulation carcérale et les conditions de vie misérables, faute de moyens, sont le lot commun des quarante-deux prisons centrales que compte l’île.

A tout cela s’ajoute un recours excessif à la détention préventive, déjà dénoncé dans un rapport d’Amnesty International de 2018. « A Madagascar, la justice ne fonctionne pas, explique Tamara Léger, conseillère du programme Madagascar d’Amnesty. On peut arrêter tout le monde sans preuves. Aussi, il n’y a pas de distinction entre prévenus et condamnés, les premiers bénéficiant de droits additionnels qui ne sont pas respectés. La pratique reste problématique. »

Des détentions préventives qui s’éternisent
Il n’est pas rare que se côtoient, dans la même cellule, des mineurs en préventive pour de menus larcins, tels des vols de poulet ou de téléphone portable, et des hommes déjà jugés et condamnés pour viol et meurtre. Et la détention préventive peut s’éterniser : jusqu’à cinq ans et six mois pour les personnes majeures, et trente-trois mois pour les enfants, selon la législation malgache.

Une durée qui constitue une violation des droits humains et des normes internationales en vigueur. Pour son rapport, Amnesty a rencontré des hommes et des femmes qui ont été maintenus en détention pendant plus de trois ans et des enfants pendant plus de deux ans, sans avoir été jugés.

« Il faut ajouter à tout cela que la grande majorité des détenus sont pauvres, avec un faible niveau d’éducation. Bien souvent, ils ne sont pas au courant de leur dossier, ni même qu’ils ont le droit d’avoir recours à un avocat », complète Tamara Léger. En 2017, 129 prisonniers sont décédés dans les prisons malgaches, dont 52 en préventive.


04 septembre 2020 Le monde
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