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[témoignage-discussion]La dernière exécution capitale en France.
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[témoignage-discussion]La dernière exécution capitale en France.
Au moment où l'on reparle de la peine de mort.
J'ai quelques éléments en tête pour communiquer sur ce sujet.
Je vous livre ici un témoignage celui d'une personne désignée pour assister à la dernière execution capitale en France.
[…]
Écrit de Mme Monique Mabelly (1924-2012), témoin de l’exécution d’Hamida Djandoubi, le 9 septembre 1977, à la prison des Baumettes à Marseille. Ce manutentionnaire tunisien avait été reconnu coupable six mois plus tôt du meurtre de sa compagne, Elisabeth Bousquet. Condamné à être guillotiné, Mme Mabelly, à l’époque doyenne des juges d’instruction à Marseille, apprend quelques heures plus tôt qu’elle fait partie des personnes désignées d'office pour assister à cette macabre mise en scène de la Justice. Il s’agira de la dernière exécution en France.
Un témoignage simple et glaçant, dépourvu de superlatifs, inutile pour démontrer l’absurdité et la violence de la peine de mort, dont la pratique persiste encore dans de nombreux pays.
Le 9 septembre 1977.
Exécution capitale de Djandoubi, sujet Tunisien.
À 15 heures, le président R… me fait savoir que je suis désignée pour y assister.
Réaction de révolte, mais je ne peux pas m'y soustraire. Je suis habitée par cette pensée toute l'après-midi. Mon rôle consisterait, éventuellement, à recevoir les déclarations du condamné.
À 19 heures, je vais au cinéma avec B .et B. B., puis nous allons casse-croûter chez elle et regardons le film du Ciné-Club jusqu'à 1 heure. Je rentre chez moi ; je bricole, puis je m'allonge sur mon lit. Monsieur B. L. me téléphone à 3 heures et quart, comme je le lui ai demandé. Je me prépare. Une voiture de police vient me chercher à 4 heures et quart. Pendant le trajet, nous ne prononçons pas un mot.
Arrivée aux Baumettes. Tout le monde est là. L'avocat général arrive le dernier. Le cortège se forme. Une vingtaine (ou une trentaine ?) de gardiens, les "personnalités". Tout le long du parcours, des couvertures brunes sont étalées sur le sol pour étouffer le bruit des pas. Sur le parcours, à trois endroits, une table portant une cuvette pleine d'eau et une serviette éponge.
On ouvre la porte de la cellule. J'entends dire que le condamné sommeillait, mais ne dormait pas. On le "prépare". C'est assez long, car il a une jambe artificielle et il faut la lui placer. Nous attendons. Personne ne parle. Ce silence, et la docilité apparente du condamné, soulagent, je crois, les assistants. On n'aurait pas aimé entendre des cris ou des protestations. Le cortège se reforme, et nous refaisons le chemin en sens inverse. Les couvertures, à terre, sont un peu déplacées, et l'attention est moins grande à éviter le bruit des pas.
Le cortège s'arrête auprès d'une des tables. On assied le condamné sur une chaise. Il a les mains entravées derrière le dos par des menottes. Un gardien lui donne une cigarette à bout filtrant. Il commence à fumer sans dire un mot. Il est jeune. Les cheveux très noirs, bien coiffés. Le visage est assez beau, des traits réguliers, mais le teint livide, et des cernes sous les yeux. Il n'a rien d'un débile, ni d'une brute. C'est plutôt un beau garçon. Il fume, et se plaint tout de suite que ses menottes sont trop serrées. Un gardien s'approche et tente de les desserrer. Il se plaint encore. À ce moment, je vois entre les mains du bourreau, qui se tient derrière lui flanqué de ses deux aides, une cordelette.
Pendant un instant, il est question de remplacer les menottes par la cordelette, mais on se contente de lui enlever les menottes, et le bourreau a ce mot horrible et tragique : "Vous voyez, vous êtes libre !…" Ça donne un frisson… Il fume sa cigarette, qui est presque terminée, et on lui en donne une autre. Il a les mains libres et fume lentement. C'est à ce moment que je vois qu'il commence vraiment à réaliser que c'est fini – qu'il ne peut plus échapper –, que c'est là que sa vie, que les instants qui lui restent à vivre dureront tant que durera cette cigarette.
Il demande ses avocats. Me P. et Me G. s'approchent. Il leur parle le plus bas possible, car les deux aides du bourreau l'encadrent de très près, et c'est comme s'ils voulaient lui voler ces derniers moments d'homme en vie. Il donne un papier à Me P. qui le déchire, à sa demande, et une enveloppe à Me G. Il leur parle très peu. Ils sont chacun d'un côté et ne se parlent pas non plus. L'attente se prolonge. Il demande le directeur de la prison et lui pose une question sur le sort de ses affaires.
La deuxième cigarette est terminée. Il s'est déjà passé près d'un quart d'heure. Un gardien, jeune et amical, s'approche avec une bouteille de rhum et un verre. Il demande au condamné s'il veut boire et lui verse un demi-verre. Le condamné commence à boire lentement. Maintenant il a compris que sa vie s'arrêterait quand il aurait fini de boire. Il parle encore un peu avec ses avocats. Il rappelle le gardien qui lui a donné le rhum et lui demande de ramasser les morceaux de papier que Me P. avait déchirés et jetés à terre. Le gardien se baisse, ramasse les morceaux de papier et les donne à Me P. qui les met dans sa poche.
C'est à ce moment que les sentiments commencent à s'entremêler. Cet homme va mourir, il est lucide, il sait qu'il ne peut rien faire d'autre que de retarder la fin de quelques minutes. Et ça devient presque comme un caprice d'enfant qui use de tous les moyens pour retarder l'heure d'aller au lit ! Un enfant qui sait qu'on aura quelques complaisances pour lui, et qui en use. Le condamné continue à boire son verre, lentement, par petites gorgées. Il appelle l'imam qui s'approche et lui parle en arabe. Il répond quelques mots en arabe.
Le verre est presque terminé et, dernière tentative, il demande une autre cigarette, une Gauloise ou une Gitane, car il n'aime pas celles qu'on lui a données. Cette demande est faite calmement, presque avec dignité. Mais le bourreau, qui commence à s'impatienter, s'interpose : "On a déjà été très bienveillants avec lui, très humains, maintenant il faut en finir." À son tour, l'avocat général intervient pour refuser cette cigarette, malgré la demande réitérée du condamné qui ajoute très opportunément : "Ça sera la dernière." Une certaine gêne commence à s'emparer des assistants.
Il s'est écoulé environ vingt minutes depuis que le condamné est assis sur sa chaise. Vingt minutes si longues et si courtes ! Tout s'entrechoque.
La demande de cette dernière cigarette redonne sa réalité, son "identité" au temps qui vient de s'écouler. On a été patients, on a attendu vingt minutes debout, alors que le condamné, assis, exprime des désirs qu'on a aussitôt satisfaits. On l'avait laissé maître du contenu de ce temps. C'était sa chose. Maintenant, une autre réalité se substitue à ce temps qui lui était donné. On le lui reprend. La dernière cigarette est refusée, et, pour en finir, on le presse de terminer son verre. Il boit la dernière gorgée. Tend le verre au gardien. Aussitôt, l'un des aides du bourreau sort prestement une paire de ciseaux de la poche de sa veste et commence à découper le col de la chemise bleue du condamné. Le bourreau fait signe que l'échancrure n'est pas assez large. Alors, l'aide donne deux grands coups de ciseaux dans le dos de la chemise et, pour simplifier, dénude tout le haut du dos.
Rapidement (avant de découper le col) on lui a lié les mains derrière le dos avec la cordelette. On met le condamné debout. Les gardiens ouvrent une porte dans le couloir. La guillotine apparaît, face à la porte. Presque sans hésiter, je suis les gardiens qui poussent le condamné et j'entre dans la pièce (ou, peut-être, une cour intérieure ?) où se trouve la "machine". À côté, ouvert, un panier en osier brun. Tout va très vite. Le corps est presque jeté à plat ventre mais, à ce moment-là, je me tourne, non par crainte de "flancher", mais par une sorte de pudeur (je ne trouve pas d'autre mot) instinctive, viscérale.
J'entends un bruit sourd. Je me retourne – du sang, beaucoup de sang, du sang très rouge –, le corps a basculé dans le panier. En une seconde, une vie a été tranchée. L'homme qui parlait, moins d'une minute plus tôt, n'est plus qu'un pyjama bleu dans un panier. Un gardien prend un tuyau d'arrosage. Il faut vite effacer les traces du crime… J'ai une sorte de nausée, que je contrôle. J'ai en moi une révolte froide.
Nous allons dans le bureau où l'avocat général s'affaire puérilement pour mettre en forme le procès-verbal. D. vérifie soigneusement chaque terme. C'est important, un PV d'exécution capitale ! À 5 h 10 je suis chez moi.
J'écris ces lignes. Il est 6 h 10.
Monique Mabelly (Juge d'instruction)
J'ai quelques éléments en tête pour communiquer sur ce sujet.
Je vous livre ici un témoignage celui d'une personne désignée pour assister à la dernière execution capitale en France.
[…]
Écrit de Mme Monique Mabelly (1924-2012), témoin de l’exécution d’Hamida Djandoubi, le 9 septembre 1977, à la prison des Baumettes à Marseille. Ce manutentionnaire tunisien avait été reconnu coupable six mois plus tôt du meurtre de sa compagne, Elisabeth Bousquet. Condamné à être guillotiné, Mme Mabelly, à l’époque doyenne des juges d’instruction à Marseille, apprend quelques heures plus tôt qu’elle fait partie des personnes désignées d'office pour assister à cette macabre mise en scène de la Justice. Il s’agira de la dernière exécution en France.
Un témoignage simple et glaçant, dépourvu de superlatifs, inutile pour démontrer l’absurdité et la violence de la peine de mort, dont la pratique persiste encore dans de nombreux pays.
Le 9 septembre 1977.
Exécution capitale de Djandoubi, sujet Tunisien.
À 15 heures, le président R… me fait savoir que je suis désignée pour y assister.
Réaction de révolte, mais je ne peux pas m'y soustraire. Je suis habitée par cette pensée toute l'après-midi. Mon rôle consisterait, éventuellement, à recevoir les déclarations du condamné.
À 19 heures, je vais au cinéma avec B .et B. B., puis nous allons casse-croûter chez elle et regardons le film du Ciné-Club jusqu'à 1 heure. Je rentre chez moi ; je bricole, puis je m'allonge sur mon lit. Monsieur B. L. me téléphone à 3 heures et quart, comme je le lui ai demandé. Je me prépare. Une voiture de police vient me chercher à 4 heures et quart. Pendant le trajet, nous ne prononçons pas un mot.
Arrivée aux Baumettes. Tout le monde est là. L'avocat général arrive le dernier. Le cortège se forme. Une vingtaine (ou une trentaine ?) de gardiens, les "personnalités". Tout le long du parcours, des couvertures brunes sont étalées sur le sol pour étouffer le bruit des pas. Sur le parcours, à trois endroits, une table portant une cuvette pleine d'eau et une serviette éponge.
On ouvre la porte de la cellule. J'entends dire que le condamné sommeillait, mais ne dormait pas. On le "prépare". C'est assez long, car il a une jambe artificielle et il faut la lui placer. Nous attendons. Personne ne parle. Ce silence, et la docilité apparente du condamné, soulagent, je crois, les assistants. On n'aurait pas aimé entendre des cris ou des protestations. Le cortège se reforme, et nous refaisons le chemin en sens inverse. Les couvertures, à terre, sont un peu déplacées, et l'attention est moins grande à éviter le bruit des pas.
Le cortège s'arrête auprès d'une des tables. On assied le condamné sur une chaise. Il a les mains entravées derrière le dos par des menottes. Un gardien lui donne une cigarette à bout filtrant. Il commence à fumer sans dire un mot. Il est jeune. Les cheveux très noirs, bien coiffés. Le visage est assez beau, des traits réguliers, mais le teint livide, et des cernes sous les yeux. Il n'a rien d'un débile, ni d'une brute. C'est plutôt un beau garçon. Il fume, et se plaint tout de suite que ses menottes sont trop serrées. Un gardien s'approche et tente de les desserrer. Il se plaint encore. À ce moment, je vois entre les mains du bourreau, qui se tient derrière lui flanqué de ses deux aides, une cordelette.
Pendant un instant, il est question de remplacer les menottes par la cordelette, mais on se contente de lui enlever les menottes, et le bourreau a ce mot horrible et tragique : "Vous voyez, vous êtes libre !…" Ça donne un frisson… Il fume sa cigarette, qui est presque terminée, et on lui en donne une autre. Il a les mains libres et fume lentement. C'est à ce moment que je vois qu'il commence vraiment à réaliser que c'est fini – qu'il ne peut plus échapper –, que c'est là que sa vie, que les instants qui lui restent à vivre dureront tant que durera cette cigarette.
Il demande ses avocats. Me P. et Me G. s'approchent. Il leur parle le plus bas possible, car les deux aides du bourreau l'encadrent de très près, et c'est comme s'ils voulaient lui voler ces derniers moments d'homme en vie. Il donne un papier à Me P. qui le déchire, à sa demande, et une enveloppe à Me G. Il leur parle très peu. Ils sont chacun d'un côté et ne se parlent pas non plus. L'attente se prolonge. Il demande le directeur de la prison et lui pose une question sur le sort de ses affaires.
La deuxième cigarette est terminée. Il s'est déjà passé près d'un quart d'heure. Un gardien, jeune et amical, s'approche avec une bouteille de rhum et un verre. Il demande au condamné s'il veut boire et lui verse un demi-verre. Le condamné commence à boire lentement. Maintenant il a compris que sa vie s'arrêterait quand il aurait fini de boire. Il parle encore un peu avec ses avocats. Il rappelle le gardien qui lui a donné le rhum et lui demande de ramasser les morceaux de papier que Me P. avait déchirés et jetés à terre. Le gardien se baisse, ramasse les morceaux de papier et les donne à Me P. qui les met dans sa poche.
C'est à ce moment que les sentiments commencent à s'entremêler. Cet homme va mourir, il est lucide, il sait qu'il ne peut rien faire d'autre que de retarder la fin de quelques minutes. Et ça devient presque comme un caprice d'enfant qui use de tous les moyens pour retarder l'heure d'aller au lit ! Un enfant qui sait qu'on aura quelques complaisances pour lui, et qui en use. Le condamné continue à boire son verre, lentement, par petites gorgées. Il appelle l'imam qui s'approche et lui parle en arabe. Il répond quelques mots en arabe.
Le verre est presque terminé et, dernière tentative, il demande une autre cigarette, une Gauloise ou une Gitane, car il n'aime pas celles qu'on lui a données. Cette demande est faite calmement, presque avec dignité. Mais le bourreau, qui commence à s'impatienter, s'interpose : "On a déjà été très bienveillants avec lui, très humains, maintenant il faut en finir." À son tour, l'avocat général intervient pour refuser cette cigarette, malgré la demande réitérée du condamné qui ajoute très opportunément : "Ça sera la dernière." Une certaine gêne commence à s'emparer des assistants.
Il s'est écoulé environ vingt minutes depuis que le condamné est assis sur sa chaise. Vingt minutes si longues et si courtes ! Tout s'entrechoque.
La demande de cette dernière cigarette redonne sa réalité, son "identité" au temps qui vient de s'écouler. On a été patients, on a attendu vingt minutes debout, alors que le condamné, assis, exprime des désirs qu'on a aussitôt satisfaits. On l'avait laissé maître du contenu de ce temps. C'était sa chose. Maintenant, une autre réalité se substitue à ce temps qui lui était donné. On le lui reprend. La dernière cigarette est refusée, et, pour en finir, on le presse de terminer son verre. Il boit la dernière gorgée. Tend le verre au gardien. Aussitôt, l'un des aides du bourreau sort prestement une paire de ciseaux de la poche de sa veste et commence à découper le col de la chemise bleue du condamné. Le bourreau fait signe que l'échancrure n'est pas assez large. Alors, l'aide donne deux grands coups de ciseaux dans le dos de la chemise et, pour simplifier, dénude tout le haut du dos.
Rapidement (avant de découper le col) on lui a lié les mains derrière le dos avec la cordelette. On met le condamné debout. Les gardiens ouvrent une porte dans le couloir. La guillotine apparaît, face à la porte. Presque sans hésiter, je suis les gardiens qui poussent le condamné et j'entre dans la pièce (ou, peut-être, une cour intérieure ?) où se trouve la "machine". À côté, ouvert, un panier en osier brun. Tout va très vite. Le corps est presque jeté à plat ventre mais, à ce moment-là, je me tourne, non par crainte de "flancher", mais par une sorte de pudeur (je ne trouve pas d'autre mot) instinctive, viscérale.
J'entends un bruit sourd. Je me retourne – du sang, beaucoup de sang, du sang très rouge –, le corps a basculé dans le panier. En une seconde, une vie a été tranchée. L'homme qui parlait, moins d'une minute plus tôt, n'est plus qu'un pyjama bleu dans un panier. Un gardien prend un tuyau d'arrosage. Il faut vite effacer les traces du crime… J'ai une sorte de nausée, que je contrôle. J'ai en moi une révolte froide.
Nous allons dans le bureau où l'avocat général s'affaire puérilement pour mettre en forme le procès-verbal. D. vérifie soigneusement chaque terme. C'est important, un PV d'exécution capitale ! À 5 h 10 je suis chez moi.
J'écris ces lignes. Il est 6 h 10.
Monique Mabelly (Juge d'instruction)
La source est ici : Source
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Fred- V.I.P.
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Re: [témoignage-discussion]La dernière exécution capitale en France.
ce témoignage est glaçant ! terrifiant !
j'etais et je militais contre la peine de mort,
jusqu'à ce que je lise, la lettre des dix détenus de la centrale de Clairvaux dénonçant, "l'absence de perspective de libération".
ils préféraient la mort que leurs peines à rallonge, ça donne à réfléchir et je ne suis plus aussi sure de ma position .
voilà l'article qui en parlait :
Dix détenus de la centrale de Clairvaux (Aube) ont attiré l'attention sur le sort des condamnés qui purgent des longues peines. "Nous, les emmurés vivants à perpétuité du centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (...), nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous", Dans un contexte de durcissement répressif contre la récidive, l'appel dénonce l'allongement de l'exécution des sentences.
"Assez d'hypocrisie ! Dès lors qu'on nous voue en réalité à une perpétuité réelle, sans aucune perspective effective de libération à l'issue de notre peine de sûreté, nous préférons encore en finir une bonne fois pour toutes que de nous voir crever à petit feu", écrivent les signataires, qui ont passé entre 6 et 28 années en prison.
Entre 2001 et 2005, le nombre de condamnés à des peines de 20 à 30 ans est passé de 915 à 1 384, tandis que celui des condamnés à perpétuité a légèrement diminué : 538 contre 591.
"LA PERPÉTUITÉ NE SERT À RIEN"
"Les peines prononcées sont de plus en plus longues et il y a de moins de moins de libération conditionnelle", souligne le président de l'Association nationale des juges d'application des peines (Anjap) "Les dernières affaires comme le meurtre de Nelly C ont rendu la décision de libération conditionnelle très difficile pour les magistrats."
Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, avait déclenché une polémique à l'été 2005 en déclarant que le juge qui avait accordé une libération conditionnelle à l'un des deux meurtriers présumés de cette femme de 37 ans devait "payer pour sa faute". La majorité avait alors relancé une réforme pénale qui a donné lieu à la loi sur la récidive votée en décembre. Celle-ci a encore allongé la période pendant laquelle le condamné à perpétuité ne peut demander une libération conditionnelle. Ce "temps d'épreuve" a été porté de 15 à 18 ans et même à 22 ans si le condamné est récidiviste.
Les "périodes de sûreté", par laquelle le jugement fixe le minimum de temps à effectuer par le condamné, peuvent être portées par les cours d'assises à 22 ans en cas de perpétuité, voire 30 ans pour les crimes les plus graves sur mineurs.
"Depuis deux ou trois ans, on pense aux courtes peines, particulièrement du côté du ministère de la justice, avec la loi Perben II ou l'aménagement des peines inférieures à cinq ans, regrette Gabriel Mouesca, président de l'Observatoire international des prisons. Les longues peines se sentent les sacrifiés des prisons." Ce désespoir peut contribuer à des mutineries, comme à Clairvaux en 2003, et à des tentatives d'évasion ou de suicide.
"Il faut que la France révise l'échelle des peines car nous sommes aujourd'hui l'un des pays les plus répressifs au monde", prône M. Mouesca. "La perpétuité doit être abolie. Elle ne sert à rien. Elle n'est pas digne de notre niveau de civilisation."
et je vous invite aussi à lire ou relire ce plaidoyer
https://forum-prison.forumactif.com/t8749-plaidoyer-02-02-2012-contre-l-hypocrisie-de-l-abolition-de-la-peine-de-mort
et à venir en discuter.
mais on aurait pu aussi faire une sondage ici, mais un sondage ça n'oblige pas à le discussion .
j'etais et je militais contre la peine de mort,
jusqu'à ce que je lise, la lettre des dix détenus de la centrale de Clairvaux dénonçant, "l'absence de perspective de libération".
ils préféraient la mort que leurs peines à rallonge, ça donne à réfléchir et je ne suis plus aussi sure de ma position .
voilà l'article qui en parlait :
Dix détenus de la centrale de Clairvaux (Aube) ont attiré l'attention sur le sort des condamnés qui purgent des longues peines. "Nous, les emmurés vivants à perpétuité du centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (...), nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous", Dans un contexte de durcissement répressif contre la récidive, l'appel dénonce l'allongement de l'exécution des sentences.
"Assez d'hypocrisie ! Dès lors qu'on nous voue en réalité à une perpétuité réelle, sans aucune perspective effective de libération à l'issue de notre peine de sûreté, nous préférons encore en finir une bonne fois pour toutes que de nous voir crever à petit feu", écrivent les signataires, qui ont passé entre 6 et 28 années en prison.
Entre 2001 et 2005, le nombre de condamnés à des peines de 20 à 30 ans est passé de 915 à 1 384, tandis que celui des condamnés à perpétuité a légèrement diminué : 538 contre 591.
"LA PERPÉTUITÉ NE SERT À RIEN"
"Les peines prononcées sont de plus en plus longues et il y a de moins de moins de libération conditionnelle", souligne le président de l'Association nationale des juges d'application des peines (Anjap) "Les dernières affaires comme le meurtre de Nelly C ont rendu la décision de libération conditionnelle très difficile pour les magistrats."
Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, avait déclenché une polémique à l'été 2005 en déclarant que le juge qui avait accordé une libération conditionnelle à l'un des deux meurtriers présumés de cette femme de 37 ans devait "payer pour sa faute". La majorité avait alors relancé une réforme pénale qui a donné lieu à la loi sur la récidive votée en décembre. Celle-ci a encore allongé la période pendant laquelle le condamné à perpétuité ne peut demander une libération conditionnelle. Ce "temps d'épreuve" a été porté de 15 à 18 ans et même à 22 ans si le condamné est récidiviste.
Les "périodes de sûreté", par laquelle le jugement fixe le minimum de temps à effectuer par le condamné, peuvent être portées par les cours d'assises à 22 ans en cas de perpétuité, voire 30 ans pour les crimes les plus graves sur mineurs.
"Depuis deux ou trois ans, on pense aux courtes peines, particulièrement du côté du ministère de la justice, avec la loi Perben II ou l'aménagement des peines inférieures à cinq ans, regrette Gabriel Mouesca, président de l'Observatoire international des prisons. Les longues peines se sentent les sacrifiés des prisons." Ce désespoir peut contribuer à des mutineries, comme à Clairvaux en 2003, et à des tentatives d'évasion ou de suicide.
"Il faut que la France révise l'échelle des peines car nous sommes aujourd'hui l'un des pays les plus répressifs au monde", prône M. Mouesca. "La perpétuité doit être abolie. Elle ne sert à rien. Elle n'est pas digne de notre niveau de civilisation."
et je vous invite aussi à lire ou relire ce plaidoyer
https://forum-prison.forumactif.com/t8749-plaidoyer-02-02-2012-contre-l-hypocrisie-de-l-abolition-de-la-peine-de-mort
et à venir en discuter.
mais on aurait pu aussi faire une sondage ici, mais un sondage ça n'oblige pas à le discussion .
Tatie- V.I.P.
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Fred aime ce message
Re: [témoignage-discussion]La dernière exécution capitale en France.
Je reste contre la peine de mort mais j'ajoute qu'on ne devrait jamais enfermer quelqu'un en lui disant que quelle que soit son évolution jamais il n'aura la moindre chance de retrouver une forme de liberté.
et vous ?
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Fred- V.I.P.
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mimi93 aime ce message
Re: [témoignage-discussion]La dernière exécution capitale en France.
en tout cas, c'est vraiment glacial; la dernière peine de mort; de le dire, c'est que cela change pour le détenu, psychologiquement; qu'il y aura tendance à moins tenir le coup.
mimi93- Habitué(e)
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