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Message  Tatie Lun 30 Mar 2020, 19:19

Ce communiqué a été publié par l’Observatoire international des prisons sur le blog de Mediapart le 23 mars 2020 alors que des mouvements ont lieu tous les jours dans des dizaines de prisons sur tout le territoire. Une semaine plus tard, force est de constater que la ministre des tribunaux et des prisons -qui annonce fièrement libérer 3500 prisonniers- n’a pas pris la mesure du message qui lui était adressé. Nous publions donc une nouvelle fois ce texte collectif dont nous saluons la combativité. Dans le contexte d’une crise sanitaire sans précédent, il rappelle les humiliations, l’arbitraire et la violence de personnels, les conditions misérables, les fouilles à nu, le surenfermement, l’absence d’aménagement, la rareté des rapprochements familiaux… qui font le quotidien de l’enfermement.

À l’attention de
M. le Président de la République,
Mme Belloubet, ministre de la Justice,
M. Bredin, directeur de l’Administration pénitentiaire,
Mme Hanicot, directrice de la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Rennes,
M. Astruc, procureur de la République à Rennes,
ainsi qu’à tous les directeurs de prison.

Nous, détenus, bloquons les prisons de France.


Nous, détenus, sommes inquiets concernant le Covid-19 pour nos familles, nos proches et nous-mêmes. Nous vivons une crise sanitaire sans précédent et le sentiment de peur est décuplé, comme tous les sentiments en prison.

Nous détenus de France demandons que des règles d’hygiène strictes soient imposées à l’ensemble du personnel de l’établissement ; que la promiscuité entre nous et le personnel, comme partout ailleurs en France, soit interdite et que si cela n’est pas possible, que le personnel porte gants et masques. Nous détenus de France, demandons un plan d’action sanitaire en cas de contamination au sein de chaque centre pénitencier.

Nous, détenus, accusons le système judiciaire et carcéral de nous mettre en danger de mort et demandons immédiatement le désengorgement de toutes les prisons en libérant les fins de peine et les détenus considérés comme non dangereux pour notre société afin de ne plus jamais dépasser la capacité d’accueil des prisons. Nous demandons à ce que vous soyez vigilants de telle sorte à ne plus jamais nous entasser au point de dormir par terre, et ce en vous assurant dorénavant de bien réguler les prisons pour incarcérer dans des conditions dignes d’un pays tel que la France.

Nous, détenus, dénonçons les violences physiques et morales de la part de certains surveillants et Équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) couvertes par les directions ; les effacements trop rapides des preuves vidéos, et encore pire des plaintes classées sans suite par les procureurs trop proches des directeurs de prison, qui par la même occasion se rendent complices de ces agissements et donnent un sentiment d’impunité aux surveillants véreux.

Nous, détenus, dénonçons la flexion lors de fouille à nu, cela porte atteinte à notre dignité et nous humilie. Pourtant, sur la circulaire relative aux moyens de contrôle des personnes détenues, jamais la flexion n’est indiquée ou ni aucune autre humiliation, c’est donc de l’abus de pouvoir.

Nous, détenus, dénonçons le mépris, les moqueries et les inepties des syndicats de surveillants et gradés. Le pouvoir qu’ils ont obtenu, s’il sert à améliorer leurs conditions de travail, est honorable ; par contre quand il sert à faire reculer nos conditions de détention cela devient malsain et creuse un fossé inéluctable entre surveillant et détenu.

Nous, détenus, dénonçons la Direction interrégionale de casser les liens familiaux en refusant les rapprochements familiaux ou en mettant trop de temps pour les plus chanceux de se rapprocher de chez eux (Corses, Basques, etc.). Nous détenus, dénonçons le refus quasi-systématique des parloirs prolongés pour les familles vivant à plus de 200km alors qu’en théorie cela est déjà inscrit dans le règlement. Arrêtez de nous dire qu’il n’y a plus de places, trouvez des solutions !

Nous, détenus, dénonçons avec la plus grande véhémence le régime fermé des maisons d’arrêt et demandons immédiatement la reprise dans toutes les prisons de deux promenades par jour, sans vous cacher derrière l’excuse du travail ou activité, car nous savons tous que les places sont limitées. Nous ne pouvons plus rester entre 22h voire 23h enfermés sans pouvoir sortir de la cellule, ceci est inhumain. Nous souhaitons que le système carcéral en maison d’arrêt soit repensé, avec plus de bâtiments, de confiance.

Nous, détenus, dénonçons le système des cantines à géométrie variable et voulons acheter de la viande selon nos croyances (juives, musulmanes ou chrétiennes) donc cantiner de la viande casher, halal ou neutre et si la chaîne du froid pose problème, il faut trouver des solutions, qui existent. Nous détenus, demandons la mise en place de trois délégués au minimum par prison afin de dialoguer avec la direction et apaiser les tensions.

Nous, détenus, demandons plus de juges d’application des peines et conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation pour ne plus jamais dépasser le délai des quatre mois lors d’un aménagement de peine et demandons l’application stricte de la loi sur les aménagements de peine : maison d’arrêt mi-peine et centre de détention 1/3 de peine.

Nous détenus, dénonçons le sort réservé aux détenus dans les quartiers d’isolement et le traitement inhumain et dégradant que vous leurs infligez.

Nous détenus, dénonçons la dureté de la détention pour les femmes détenues, souvent rejetées par leurs proches et coupées du monde extérieur sans aucun lien social et demandons une réflexion sur la séparation d’une mère détenue et son enfant. Nous détenus, demandons un délai plus court entre chaque uvf.

Nous, détenus,
demandons aux juges de se remettre en question concernant les détentions provisoires car cela devient une antithèse avec la présomption d’innocence.

Nous, détenus, sommes tout simplement au bord de la rupture qui s’est accentuée avec ce contexte anxiogène de la propagation du virus covid-19. Sachant qu’en prison aucune règle de base n’est respectée par les surveillants, ni les barrières de distance, ni les gants, ni les masques et pire on continue de nous palper au mépris des règles d’hygiène, ce qui augmente le risque de contamination. Nous détenus, lançons un cri du cœur pour que les surveillants humains prennent le dessus sur les surveillants qui se sont déshumanisés afin de renouer le dialogue. Nous détenus, demandons à être respectés par toute la corporation judiciaire, pénitentiaire et la société.

Nous, détenus, apportons notre soutien aux infirmières, unités sanitaires, médecins, pompiers, virologues, Samu, Smur et tout le corps médical car nous sommes conscients et reconnaissants du travail accompli dans cette période si difficile. Merci à vous.

Les détenu(e)s de France.


Dernière édition par Tatie le Lun 30 Mar 2020, 20:05, édité 1 fois
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Message  Tatie Lun 30 Mar 2020, 19:20



Messages et lettres de prison


« À tous les frérots en prison : à partir du 19 mars, il faut qu’on bloque en promenade tous les jours jusqu’à que l’État accepte au minimum un parloir par semaine. Faut qu’on se fasse entendre bien plus haut que l’administration pénitentiaire : c’est l’État qui dirige. Il faut faire du bruit. Ils nous disent que c’est pour quinze jours alors qu’ils savent très bien que c’est parti pour plusieurs mois. Ils nous privent de la seule liberté qui nous reste : la visite de notre famille. Merci, et oubliez pas : l’union fait la force, ensemble on y arrivera. » Lenvolee.net, 18 mars.

« Libérez un peu les prisons de la surpopulation carcérale ! On veut que les surveillants soient contrôlés à chaque entrée, parce que ça nous fait peur ; au moins leur fièvre parce que c’est eux qui vont nous le refiler. Tous les gens qui rentrent en prison aussi, qu’ils soient contrôlés à l’entrée, avec un registre. » Lenvolee.net, 19 mars.

« Nos cantines n’arrivent pas, nos parloirs ont été suspendus. Personne ne se préoccupe de notre état de santé. On avait un co-cellulaire qui est parti, avec le masque, on l’a sorti à 8 heures du soir de la cellule. On ne sait pas pourquoi […]. Aujourd’hui nous sommes deux personnes encore dans la cellule. Nous présentons des symptômes de fièvre, le nez qui coule, et la gorge qui pique. […] L’administration trouve une seule solution : “Vous vous étouffez pas ? Y a pas de souci à se faire !” […] J’appelle tous les détenus de la maison d’arrêt de Seysses à faire une révolution générale. » Maison d’arrêt de Seysses (Haute-Garonne), Iaata.info.

« On est 3 dans une cellule de 9 m2. Ça fait une semaine qu’on a plus de parloir, qu’ils nous autorisent plus les promenades, plus rien. […] On a peur qu’un jour la porte s’ouvre plus, qu’on nous laisse mourir dans la cellule… Y a beaucoup de psychose qui commence à s’installer dans la prison. » Maison d’arrêt de Seysses, Mediapart.

« Nous voulons un DÉPISTAGE pour chaque détenu ainsi que pour chaque membre de l’administration pénitentiaire. – Nous souhaitons que tous les agents pénitentiaires sans exception soient équipés de gants et de masques (ce sont eux les plus exposés au virus car ce sont eux qui rentrent et sortent de l’établissement). – Nous voulons être informés de l’évolution de cette situation : quand les parloirs seront-ils rétablis ? Qu’en est-il des cantines ? Qu’en est-il des sacs de linge ? Qu’en est-il des soins médicaux en cas de coronavirus ? – Et enfin, pour nous protéger, nous aimerions que chaque détenu ait du gel désinfectant et un masque à sa disposition (le minimum en mesures d’hygiène actuellement). »
Revendications des prisonniers du centre de détention d’Uzerche (Corrèze) lors de la mutinerie du 22 mars.

« Un message qui s’adresse à l’État et à tous ceux qui régulent les pénitenciers de France : nous voulons un dépistage au cas par cas pour chaque détenu et membre de l’établissement pénitentiaire. Nous voulons que les agents soient équipés de masques car c’est eux qui entrent et sortent de la prison donc c’est bien eux qui nous ramènent le coronavirus puisque nous n’avons plus de parloir. Nous voulons plus d’informations sur cette situation : cantines, parloirs, sacs de linge, activités, car les seules informations qu’on a c’est à la télé. Nous voulons du gel hydro-alcoolique, des masques, du savon pour chaque détenu. Tout ce qu’on a c’est du gel douche Tahiti. On nous offre la télé et 40 € pour les indigents, waouh, quelles belles mesures par l’État ! S’il peut faire mieux ce serait pas mal, sinon ça va chauffer. » Centre pénitentiaire de Béziers (Hérault), 23 mars.
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Message  Carine13 Lun 30 Mar 2020, 20:30

Moi oui bien sue je veux plus mercredi madin a 8 hoo a luynes

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Message  Tatie Lun 30 Mar 2020, 20:38

Carine13 a écrit:Moi oui bien sue je veux plus mercredi madin a 8 hoo a luynes

le rapport avec les paroles des détenus?
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Message  Tatie Mar 31 Mar 2020, 19:44

Tatie a écrit:
Carine13 a écrit:Moi oui bien sue je veux plus mercredi madin a 8 hoo a luynes

le rapport avec les paroles des détenus?

je pourrais avoir un réponse à ma question Carine?
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Message  Tatie Mer 01 Avr 2020, 16:23

31 mars 2020

Message de la fille d’une détenue de Fresnes : « Ma mère est détenue depuis le mois de février mais ça fait une semaine déjà que je n’ai pas eu de nouvelles d’elle. Ma sœur et moi on s’inquiète beaucoup, j’ai 16 ans, je sais qu’elle a fait une erreur et elle mérite une sanction mais j’aimerais bien savoir comment elle va en ce moment. Avec le Covid-19, je m’inquiète encore plus. Son absence, c’est vraiment l’enfer pour nous, on n’est que deux… »

Message d’un détenu de Mulhouse
: « J’ai la peur au ventre de mourir ici. Je suis diabétique de type 1, les surveillants ouvrent la porte et donnent les repas sans gants ni masque. Je ne veux pas être retrouvé dans un sac comme un déchet… ça ne va vraiment pas du tout, je suis très mal. »

Appel de la compagne d’un détenu de Grasse : « Je n’ai plus de nouvelles. Peut-être qu’il n’a plus de crédit téléphonique ? Les crédits arrivent bien le premier de chaque mois, n’est-ce pas ? Est-ce qu’il y a des cas de Covid à Grasse ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Nancy : « Mon conjoint est très malade. Rien n’est fait, les rendez-vous à l’unité sanitaire sont annulés. Les surveillants sont passés vendredi pour lui dire que c’était parce qu’il n’y avait “plus de thermomètres”… C’est une blague ?! Il présente des symptômes du coronavirus, il voudrait être examiné, mais personne ne répond, rien n’est fait, personne ne se déplace pour aller le voir. »

Appel d’une détenue de Joux-la-Ville : « Plus personne ne nous répond, il y a beaucoup de choses qu’on ne comprend pas. Il y a des gens à qui il reste un mois, on ne leur donne pas leurs remises de peine, on ne comprend pas. Il n’y a aucune communication, rien n’est fait pour nous expliquer la situation. On n’a aucun correspondant. On ne sait pas si on peut déposer des permissions pour le mois de juin, ou de mai. Idem pour les aménagements de peine. Ma CPIP me reproche à longueur d’année de faire mes démarches toutes seules, mais là elle ne répond plus. Il me reste un an, on devait déposer une demande en mai, mais là je ne sais plus rien, je ne sais même plus si j’ai un employeur dehors, s’il a fait faillite ou pas. On a aussi de gros soucis avec les téléphones en coursive, ils nous disent que c’est parce qu’il y a trop de gens qui téléphonent en même temps… »

Appel de la mère d’un détenu en semi-liberté à Metz : « J’essaie de me renseigner partout pour savoir si on peut le faire sortir, mais tout le monde me renvoie des numéros et moi je ne parle pas très bien français. Est-ce que la ministre de la Justice fait sortir les gens en semi-liberté ? »

Message de la compagne d’un détenu de Toul : « Je suis très inquiète, je n’ai pas de nouvelles. Je sais qu’il y a des cas dans la ville, les surveillants viennent de l’extérieur et n’ont pas le matériel de protection. J’ai eu un appel du SPIP me disant que mon compagnon devait sortir dans les jours à venir, ça m’a rendue très heureuse mais depuis, rien. J’appelle la prison… et là on me dit que mon compagnon ne sort pas maintenant parce qu’ils doivent observer son comportement ! Pourtant, il répond à tous les critères, il lui reste moins de deux mois, je suis seule avec mon fils, ma famille est loin. Si j’attrape le virus, comment je fais pour mon fils ? »

Appel d’un détenu : « J’ai fait une demande de suspension de peine à la JAP. J’ai envoyé un courrier à mon avocat avec les papiers, il n’a rien reçu. Et les CPIP sont injoignables, j’ai envoyé cinq lettres, je n’ai pas eu de réponse. J’avais aussi fait une demande d’aménagement il y a sept mois, ça devait être examiné dans pas longtemps, mais je n’ai plus de nouvelles. Depuis, un médecin m’a fait un certificat, je dois être soigné à l’extérieur. »

Appel de la mère d’un détenu : « Mon fils est au centre pour peine aménagée, mais il est gravement malade, il a une hernie discale invalidante. Il devait être opéré, il avait déjà rencontré le chirurgien et l’anesthésiste, mais l’opération a été annulée à cause du Covid-19. Il souffre atrocement, il ne peut pas marcher. Le lit à la prison lui fait mal. Est-ce qu’il existe une procédure d’urgence ? Il souffre à en hurler, les surveillants eux-mêmes sont choqués qu’on le laisse dans la prison alors qu’il hurle de douleur. »

Appel de la femme d’un détenu de Fleury-Mérogis : « Mon mari a été incarcéré début février. Il arrivera à mi-peine fin mai, et sa sortie est prévue pour septembre. Il a commencé une formation, il n’a aucun problème en détention. Il fait de l’asthme, il a fait une vingtaine de crises depuis son incarcération. Il a envoyé un courrier à la CPIP, mais personne ne lui répond. Et depuis quatre jours, il y a trois malades à son étage… »

Appel de la sœur d’un détenu d’Osny : « Je vous appelle car je suis très inquiète, j’ai lu un article sur Osny. Ils n’ont pas de cantines. Depuis une semaine, pratiquement rien n’est livré, son réfrigérateur est vide. Dans la liste des produits cantinables, il n’y a aucun produit frais, rien du tout. Mais pour lutter contre le virus, il faut une bonne alimentation ! Les mesures d’hygiène, c’est la cata. Les douches, le linge… Heureusement lui est dans une cellule individuelle, pour l’instant. »

Appel d’un détenu de Melun :
« Quand on travaille en détention, comment ça se passe au niveau des salaires ? Je travaillais pour un concessionnaire mais depuis le confinement, les ateliers sont fermés : est-ce que je serai indemnisé, type chômage partiel ? Et aussi, le téléphone en cellule marche une fois sur 40… »

Appel d’un détenu d’Orléans : « Je voulais savoir pourquoi avec le coronavirus ils nous font encore des fouilles de cellule. Je ne suis pas contre les fouilles d’ordinaire, mais pour moi, durant le confinement, ils ne devraient pas faire de fouille : on nous dit qu’on est pas en danger en prison car le coronavirus n’y rentre pas, mais s’ils nous transmettent le virus pendant une fouille ? »

Appel d’un proche d’un détenu placé en centre de semi-liberté
: « Il a peur, car le centre de semi-liberté est quasiment vide, les autres ont été libérés pour être confinés à domicile. Il est confiné au centre, il n’a plus le droit de sortir du tout. Pour les soins, c’est très difficile, il faut avoir un justificatif pour aller consulter à l’extérieur. Est ce qu’ils ont le droit de le renvoyer en détention normale ? »

Appel d’un détenu de Tours
: « Il y a des cas à Tours, mais personne ne veut rien nous dire. Quand on demande, ils disent que c’est confidentiel, à cause du secret médical. Mais nous on sait qu’il y a déjà plusieurs cas dans la même aile. J’ai été en contact avec ces types, à la messe avant qu’elles soient suspendues, à la promenade, dans les douches. Pour les promenades on est cinquante dans une cour, et dans les douches c’est pareil, on est entassés. On voudrait des protections parce qu’au rythme où ça va, sur les deux cents il n’y aura plus personne… »

Appel de la compagne d’un détenu d’Avignon : « Mon petit ami est en détention provisoire, nous n’avons plus de nouvelles de lui depuis l’arrivée du virus, tous les liens sont coupés. J’ai entendu parler de gardiens contaminés au coronavirus, sa famille et moi-même nous avons très peur pour lui. De plus, il y a qu’un seul téléphone en cours de promenade qui n’est pas désinfecté. Comment faire pour avoir des nouvelles ? »
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Message  Tatie Mer 01 Avr 2020, 16:27

ça ne vous remue pas, ne vous bouscule pas ces cris de détenus ou de proches?

comment rester insensibles devant leur craintes et leurs détresses ..

si vous prouviez leur transmettre un mot, que leur diriez vous?


perso, je n'ai plus personne de proche en prison, mais je partage toutes ces craintes avec tous, je me mets à leur place et je suis émue. Courage et force à toutes et tous.


d'autres paroles sont mises en liges par l'OIP sur leur site
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Message  Tatie Sam 04 Avr 2020, 08:32

Dans notre émission "À l’air libre", des détenus ont fait parvenir à Mediapart des vidéos pour exprimer leur peur face au coronavirus et dénoncer leurs conditions de détention. Des débuts d’émeutes éclatent par endroits.



Covid-19 en prison: des détenus prennent la parole


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Message  Tatie Lun 06 Avr 2020, 09:26

3 avril 2020
Message de la sœur d’un détenu : « Je vous ai appelés la semaine dernière car je n’avais pas de nouvelles de mon frère. Là j’ai réussi à en avoir, mais ça fait très peur. Ils sont trois en cellule, il y a des gros problèmes d’hygiène, il me dit que la tension monte à cause du manque de shit. Je m’inquiète pour lui, je ne dors plus, je ne mange plus… Je ne comprends pas pourquoi rien n’est fait pour les mandat de dépôt. Ma vie est complètement perturbée, j’ai l’impression d’être condamnée à sa place. »

Message de la compagne d’un détenu de Bois d’Arcy : « Avez-vous des informations concernant les mesures qui peuvent être adoptées suite à l’audience de ce matin au Conseil d’État ? Mon copain est dans une cellule avec deux autres détenus, les cantines arrivent au compte-goutte, l’hygiène n’est pas respectée. Il est là-bas depuis novembre, il lui reste quatre mois à faire, mais il n’y a pas de sortie anticipée pour lui : son avocat a fait une demande de libération anticipée pour motif médical il y a maintenant une semaine et demi, nous n’avons toujours pas de nouvelles. Le temps commence à être long et l’inquiétude augmente de jour en jour. Il voit plein de détenus remis en liberté à qui il restait plus longtemps, mais pas lui. C’est l’incompréhension la plus totale… »

Message de la tante d’un détenu d’Uzerche :
« Mon neveu était incarcéré à la prison d’Uzerche et suite à la mutinerie, il a été transféré dans une autre prison. Depuis, nous n’avons aucune nouvelle de lui. Sa femme essaie en vain d’en avoir mais personne ne lui en donne. Pourriez-vous s’il vous plaît apaiser nos cœurs et nous donner de ses nouvelles ? »

Message de la sœur d’un détenu : « Mon frère a été placé en détention provisoire en octobre. Des permis de visite nous ont été octroyés, à moi et mes parents. Par ailleurs, malgré deux relances au juge d’instruction, aucune autorisation de téléphoner ne lui a été délivrée. Avec l’appui de notre avocat, et au regard de la crise sanitaire que nous traversons, nous avons relancé le juge d’instruction à maintes reprises pour que mon frère puisse communiquer avec nous, sa famille. Nous n’avons plus de nouvelles de lui depuis le 14 mars, date de notre dernier parloir. Nous lui avons écrit quelques lettres qui sont restées sans retour. Étant très fragile psychologiquement, et ayant tenté de mettre fin à ses jours, il a été placé au SMPR [service médico-psychologique régional] en janvier ; ce placement doit prendre fin à la mi-avril. Nous espérons, plus que tout autre chose, qu’il sera maintenu au sein de ce service. Nous vivons dans une inquiétude et une angoisse permanente et n’osons pas imaginer l’état de notre frère, notre fils, enchaîné avec ses démons, coupé de toute relation avec l’extérieur. La situation n’est plus vivable, nous avons peur, jour et nuit. »

Message de la compagne d’un détenu de Melun :
« Mon fiancé à une maladie depuis plusieurs mois, il doit sortir fin juin, mais il a très peur pour sa santé. J’ai écrit à tout le monde, je ne sais plus quoi faire. Il se plaint de douleurs constamment, il maigrit… »


Dernière édition par Tatie le Mar 19 Mai 2020, 07:16, édité 1 fois
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Message  Tatie Mar 19 Mai 2020, 07:16

Message de la compagne d’un détenu d’Épinal : « J’ai eu un parloir pour la première fois hier avec mon compagnon. Une sensation horrible aussi bien pour lui que pour moi. Nous portions un masque tous les deux, jusque-là c’est normal, je comprends tout à fait les mesures de sécurité pour sa santé. Mais on nous fait mettre le masque alors qu’on est séparé part une vitre en plexiglas et un panneau de bois jusqu’au sol : où est l’intérêt du port du masque ? J’avais du mal à le comprendre, on était obligé de hurler, de se répéter, dans un brouhaha phénoménal, c’était franchement désagréable. Heureusement, le voir m’a réconfortée, même si ce parloir, on l’a mal vécu. »

Message d’un détenu de Paris-La santé :
« J’ai eu parloir ce matin, pour le moment les gestes barrières et les règles d’hygiène sont respectés. On nous a donné un masque et du gel avant et après le parloir. Les surveillants étaient sur le qui-vive, le directeur et le chef de détention dans le coin. Les détenus présentant des problèmes de santé ont eu un parloir avec hygiaphone. J’espère que ce mode de fonctionnement restera tout le temps de l’urgence sanitaire. »

Message d’un détenu de Rouen : « J’ai pu effectuer mon premier parloir, ce sera aussi dernier dans ces conditions. Le risque sanitaire peut être écarté, vu les conditions à respecter ! Plexiglass, masques, impossibilité d’avoir les deux personnes debouts en même temps sinon on risque une suspension, les surveillants en permanence derrière les portes vitrées donc aucune intimité, aucune possibilité de discuter de choses personnelles, et bien sûr aucun contact… Nous voilà revenus au temps des hygiaphones généralisés ! C’est brutal, et choquant pour nous détenus, et encore plus pour la personne qui nous rend visite, après avoir fait de nombreux kilomètres. Autant faire des visio-parloirs, comme dans d’autres pays européens. Car là, ça ne va pas du tout arranger les tensions internes, loin de là. Je pense même que si cela perdure, elles vont s’accentuer. »

Message de la femme d’un détenu de Lannemezan :
« Les salles d’accueil sont fermées. Il n’y avait que moi comme famille de détenu. Les parloirs ont été aménagés, vitre en plexiglass, surveillance et marquage au sol. J’ai dû signer une charte qui engageait ma responsabilité en cas de contact avec mon mari et en cas de contact récent avec le Covid-19. J’ai respecté à la lettre les consignes. Mon mari est arrivé avec un masque qu’on lui a donné. Il était triste et amaigri. C’est une situation intenable pour les familles… Nos enfants pleuraient à la maison de ne pas pouvoir venir voir leur papa. Je retournerai la semaine prochaine voir mon mari. Les surveillants sont très gentils, mais exaspérés de ces nouvelles contraintes dans leur travail. »

Message d’une femme proche d’une détenue de Lille-Sequedin : « Nous sommes mercredi, et depuis lundi, nous ne cessons d’appeler le service des parloirs, entre 8h30 et 17h, toutes les vingt minutes environ, pour réserver un parloir. La seule réponse que nous avons c’est : “Rappelez ultérieurement.” Le parloir est un droit. Je peux comprendre que la crise sanitaire a bouleversé le système. Mais les parloirs sont autorisés, et la réservation non accessible. »

Message de la compagne d’un détenu de Toulouse-Seysses : « Je devais avoir un parloir la semaine ou l’État a annoncé le confinement total. Je peux vous dire que j’étais plus que déprimée de devoir attendre... Il est incarcéré depuis le début de l’année, nous échangeons seulement par courrier. La fin du confinement arrive, j’appelle le mardi en vain, 3h au téléphone de 9h à 12h, aucune réponse. Je suppose qu’ils sont submergés d’appels des familles... Je rappelle le lendemain et j’obtiens mon parloir pour le vendredi. Heureuse, je me rends à la maison d’arrêt, excitée et stressée car je me demande dans quel état je vais retrouver mon conjoint. De l’attente, encore et encore. Dans l’espace visiteur, un premier surveillant nous donne un papier qui stipule que nous n’avons pas contracté le Covid. Le masque est obligatoire et non fourni par la maison d’arrêt, et du gel est mis à disposition avant la visite. Un second gardien nous prévient que si l’un d’entre nous retire le masque ou fait passer ne serait-ce qu’une cigarette le parloir est suspendu, que le visiteur sera interdit de parloir pendant un temps et que le détenu sera mis en quatorzaine. Aucun contact physique, pas de baiser, embrassade ou accolade, mais nous pouvons nous tenir les mains. On m’indique ma porte de parloir, on m’ouvre la porte : deux chaises et une table pour respecter le mètre de distance. Mon conjoint arrive. Je le vois sourire sous son masque. Forcément, on a envie de s’embrasser, mais je lui dis qu’on ne peut pas. Nous nous serrons les mains fort, sans se lâcher jusqu’à la fin. À l’intérieur, il me dit que tous les détenus sont à cran, qu’ils n’ont pas de masques, et seulement une heure de promenade par jour. Ils sont trois dans sa cellule, et ils sont beaucoup dans cette situation. Le moral, il l’a, car je lui envoie du courrier. Mais sans ça, comme il dit, “tu deviens ouf, tu pètes les plombs” : rien à fumer, pas de visite, promenade raccourcie… Il y a beaucoup de tensions. »

Message de la fille d’une détenue de Lille-Sequedin :
« Les parloirs ont repris hier, et j’ai eu la chance de voir ma mère. En temps normal, il y a une dizaine de détenues par parloir. Là, ils n’en autorisent que deux, donc l’attente pour obtenir un parloir est assez longue. Cela faisait deux mois que je n’avais pas vu ma mère. Ma joie s’est mélangée avec un sentiment de frustration car nous étions dans cesse épiées par les gardiens (ils étaient six ou sept autour de nous). Je me sentais comme une bête en cage que l’on observe. »

Message de la sœur d’un détenu de Rennes-Vezin : « J’avais parloir hier à 8h30. L’association Brin de soleil, qui nous permet de déposer nos affaires personnelles, de réserver à la borne les prochains parloirs et d’échanger avec les membres de l’association, est fermée. Je me suis ainsi rendue directement devant la porte du pénitentiaire un quart d’heure en avance, avec mes clés de voiture, mon masque obligatoire et ma carte d’identité. Le surveillant nous indique qu’il n’y a actuellement aucun cas de Covid recensé, ni chez le personnel ni chez les détenus. Ainsi, afin de contrôler et éviter la survenance de ce virus, les sanctions sévères nous sont indiquées avant de pénétrer dans l’enceinte si nous contrecarrons les consignes données – port de masque obligatoire pendant les quarante-cinq minutes de parloir et interdiction de se toucher – : le permis de visite suspendu et la personne détenue en isolement pendant quinze jours. Une fois toutes ces informations en tête, nous pénétrons dans l’accueil, les surveillants sont tous protégés par des masques et nous nous désinfectons les mains avec du gel hydroalcoolique fourni par le centre pénitentiaire. Nous signons une charte où nous nous engageons à respecter les nouvelles règles fixées. Nous déposons ensuite nos effets personnels dans un casier commun et nous nous engageons dans le centre pénitentiaire, jusqu’au parloir familial. Le parloir a été aménagé de façon à protéger les détenus et l’enceinte de la prison d’une manière générale. En temps normal, la pièce de 5m² est occupée par une table et quatre chaises, mon frère pénètre par une porte latérale et les visiteurs par la porte d’en face. Aujourd’hui, deux tables sont disposées dans l’entrebâillement de la porte par où d’ordinaire pénètre mon frère. Ces tables marquent la distanciation entre lui et moi, il faut parler fort car les masques étouffent nos mots. La porte est ainsi ouverte sur le couloir des détenus et mon frère est assis sur une chaise dans ce corridor bleu, aseptisé, un peu froid. Nous entendons donc les échanges voisins des proches et des détenus, mais cela reste discret. Sensation étrange pour les familles d’être presque de l’autre côté des murs et de toucher un tant soit peu la réalité de ce que vit mon frère. »

« La reprise des parloirs est encore plus dure. Pire qu’à l’armée, des marquages partout, des vitres en plexiglas. On ne s’entend pas, et il y a un surveillant devant le box : aucune intimité, même dans la discussion. Être à cinq centimètres de lui et ne pas pouvoir le toucher… J’en ai pleuré. Pourtant je suis forte, mais là c’est trop. »

Message de la compagne d’un détenu de Lille-Annoeullin : « Je suis très en colère car pour un parloir, je viens en métro et bus, ça dure une heure. Mais à la prison, on n’a plus accès aux casiers, donc je ne peux pas avoir de sac à main : ça veut dire pas de téléphone, pas d’argent pour payer mon bus… Comment faire sans aucun endroit où laisser mon sac ? Ils pourraient pourtant mettre les casiers à disposition, en respectant un sens de circulation par exemple ! »

« La reprise a été effective mais dans des conditions si drastiques qu’elles rendent toute visite impossible. La distance de 100km limite[1] déjà beaucoup de possibilités de parloirs. Cela ne fait pas partie des exceptions, je me demande bien pourquoi. Une personne, une heure par semaine et par détenu, avec un masque, sans contact et dans une salle commune : mon amie préfère ne pas avoir de parloirs. Il aurait mieux valu ne rien autoriser en prenant des risques de grogne plutôt que d’autoriser des parloirs impossibles. Il me reste un goût amer en travers de la gorge, et je me demande si un jour je pourrai rendre visite à mon amie. Pour les permissions de sortir, le retour est si contraignant – les détenus doivent passer quatorze jours isolés – fait que mon amie, qui devait pourtant en bénéficier, préfère attendre un retour à la normale. À ce jour il n’y a pas de reprise des UVF [unités de vie familiales] qui de toute façon seraient probablement soumises aux mêmes conditions qu’un retour de permission, c’est-à-dire un isolement sans travail et donc sans salaire, dans une cellule provisoire, sans activités, avec une heure de promenade par jour. Par ailleurs, puisque les événements épidémiques sont loin d’être terminés, n’est-il pas possible d’autoriser des colis aux détenus ? »

Message de la compagne d’un détenu de Villefranche-sur-Saône : « Mon parloir était quand même assez particulier, ce lundi 11 mai. J’arrive pour mon heure de rendez-vous, je ne vois personne. Je me disais que les gens attendaient peut-être dans leur voiture, mais finalement, à l’heure de l’appel, je me suis bel et bien retrouvée seule ! Deux surveillants pour m’accompagner, toujours un devant et le deuxième qui me suit. On passe par le chemin habituel pour se rendre aux boxes, mais je continue de suivre, nous passons par ce qui est d’habitude le chemin des détenus. Puis nous entrons dans un bâtiment (je ne sais lequel), et ils m’accompagnent jusqu’à l’entrée du gymnase. Une vingtaine de tables sont mises en place tout autour des murs, comme un U dans une salle de classe, avec le bureau des surveillants à la place du bureau du prof. Port du masque obligatoire pour les visiteurs. Gel hydroalcoolique avant et après. Signature d’une charte, comme partout j’imagine – qui reste dans notre pochette visiteur, donc pas besoin de la re-remplir à chaque visite (bizarre d’ailleurs, car on peut ne pas être touché un jour, et l’être le jour suivant). Ensuite le détenu arrive, et le parloir dure une heure. Évidemment, interdiction de tout contact physique sous peine de suspension de parloir et rapport au juge d’application des peines sans délai. Et pas de masques pour les détenus... Les surveillants en avaient, ainsi que des gants. Les détenus sont soumis au gel hydroalcoolique avant et après. Mais pas de masques. Le ressenti ? Frustrant, gênant, “malaisant”, perturbant, dur, horrible. Compréhensible, car on ne sait pas si lui ou nous-mêmes sommes touchés, donc on comprend les consignes. Mais c’est super dur. À la fin, les surveillants ont été très aimables et compréhensifs, ils sont venus nous informer que c’était terminé et nous ont laissé le temps de nous dire au revoir. À ma sortie, le chef des surveillants m’a demandé mon avis, et nous avons pu échanger un peu sur cette organisation. »

Message de la compagne d’un détenu de Lille-Sequedin : « J’ai eu la possibilité de “voir” mon mari ce matin. La prise de rendez-vous a été compliquée, après 193 appels pour pouvoir avoir le service… Ce parloir fut très stressant, je n’ai pu voir que les yeux de mon mari, et la touffe de cheveux qu’il a accumulée pendant ces deux mois. Même si cela nous rassure d’avoir enfin de ses nouvelles, c’est horrible de ne pas pouvoir le serrer dans ses bras, l’embrasser pour lui dire bonjour, le réconforter. J’ai senti mon mari tendu et cela m’a mis la boule au ventre. »



[1] Bien que la ministre de la Justice ait affirmé sur les ondes de France Inter que la visite au parloir devrait constituer un motif familial impérieux permettant de déroger au périmètre de 100km qui limite tout déplacement, le ministère de l’Intérieur n’a pas pris de de disposition en ce sens, si bien que le flou demeure et que les interprétations diffèrent d’un lieu à l’autre.
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