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Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
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Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
1
Samedi, 00h30, je cours instinctivement en direction de ma maison, je crois que j’ai fait la pire connerie de ma vie, je ne réalise toujours pas, tout s’est fait si vite, Voilà dix minutes que je cours, dernier virage avant l’entrée de ma maison, je pense à ma mère, comment vais-je pouvoir lui raconter ça ? Que va-t-elle en penser ? Des gouttes de sueur coulent le long de mon visage sans que je m’en rende réellement compte, je suis trop préoccupé par ce que je viens de faire, j’aperçois la maison, bientôt la fin de ma course, je ralentis le rythme, je suis essoufflé. Dans ma tête tout est mélangé, je ne sais pas comment cette histoire va finir.
J’arrive devant chez moi, je m’arrête brusquement, une Laguna enclenche les pleins phares dans ma direction et démarre en faisant crisser les pneus, on se croirait dans un film américain. Par réflexe défensif, je fais demi-tour et lance ce couteau qui est la cause de tous mes ennuis, je cours le plus vite possible, la voiture s’approche de plus en plus, puis deux personnes en descendent et crient : « Police ! ». Je me retourne, j’aperçois un homme en uniforme, agenouillé, un pistolet braqué dans ma direction, je m’arrête net. Puis tout se passe en un éclair, je me retrouve allongé sur le ventre, menotté, dans ma rue… les policiers me bombardent de questions, je ne réponds pas, je ne suis pas conscient de ce que j’ai fait ni de ce qui m’arrive maintenant.
Je regarde autour de moi, je vois un de mes amis d’enfance qui passe et qui me regarde, j’ai honte, je tourne la tête pour ne pas être reconnu. Puis, une autre voiture de police arrive, cette fois-ci elle n’est pas banalisée, le policier me relève, et me pousse à l’intérieur, mes menottes me serrent, j’ai très mal.
Sur le chemin du commissariat, les policiers m’interrogent sur les faits, je leur explique et leur demande de me desserrer les menottes.
2
J’arrive dans le commissariat, la brigade me dévisage, ils me font entrer dans une salle, je regarde autour de moi : deux cellules de garde à vue avec une porte vitrée donnant sur un bureau, l’une est occupée par un homme, la quarantaine, qui dort dans son vomi, … Mon escorte me laisse sur un banc et m’ôte les menottes à ma demande.
Je raconte une nouvelle fois les faits à un autre policier. Pour le moment, je n’ai pas le courage de regretter quoi que ce soit, je ne réalise pas ce qui m’arrive. Je n’ai pas peur, je ne suis pas triste. Je leur demande combien de temps je vais rester sur ce banc, on me répond qu’il ne faut pas que je m’inquiète, la cellule vide à ma droite a été réservée spécialement pour moi…
1h30, je suis assis sur le banc en pierre de la cellule, il y a des graffitis, des délinquants fiers de l’être qui y ont laissé leur nom ou surnom, d’autres, ont mis des commentaires, « Arrête de cogiter, ce qui devra arriver arrivera » et « la prison, c’est dur, la liberté, c’est sûr ! » En lisant le mot prison, un frisson me parcourt le corps, je commence peu à peu à réaliser. Je m’inquiète pour la victime, et si je l’avais tué ? Peut-être que je ne lui ai fait que des petites égratignures et que dans la prochaine heure, je serai relâché ? Peut-être est-il en train de perdre son sang à l’hôpital ? J’ai peur. Je commence vraiment à stresser, il me faut une cigarette, je pense de plus en plus à la victime : Luc.
2h00, je me souviens de ce film, Usual Suspects, le héros disait que pour montrer que l’on n’a rien à se reprocher, en garde à vue, il faut dormir. De toute façon, je suis mort de fatigue. Le médecin m’a donné un calmant, il n’a pas trop d’effets mais je vais me forcer, et il faut que je sois en forme pour mon retour à la maison demain. Je me couche sur ce banc de pierre, ferme les yeux et attends que le sommeil m’emporte.
3
Le lendemain, je suis réveillé par la porte qui s’ouvre, j’entends une voix féminine qui me demande de la suivre. Je me lève, me frotte les yeux puis je résume la situation en moins de deux secondes dans ma tête. Non, tu n’es pas dans ton lit Olivier, tu es en garde à vue car tu as mis des coups de couteau à ton collègue de travail. On me remet les menottes et on me traîne au bureau de l’OPJ, Officier de Police Judiciaire.
J’entre dans la pièce, la position assise avec les menottes est assez spéciale, on se sent vraiment inférieur les mains derrière le dos, en face d’un homme bien rasé, bien habillé, qui se tient droit, il a l’air d’aimer son travail.
- Bon, racontez-moi les faits de A à Z, et un conseil, dites la vérité et n’essayez pas de minimiser, dit l’officier d’un ton presque amical.
- Ok… en fait… je me suis battu avec un collègue, j’avais un couteau pour lui faire peur, mais je l’ai utilisé après avoir reçu un coup sur la tête. Voilà. Et j’ai une question : je vais rentrer chez moi aujourd’hui ?
- Tu te fous de ma gueule ?
Je sens maintenant l’officier beaucoup moins amical, et je trouve aussi originale sa façon brutale de passer du vouvoiement au tutoiement.
- Non…. Pourquoi ? …
- Bon, pourquoi avais-tu ce couteau ?
- Pour lui faire peur, comme je vous l’ai dit.
- Mais… Je pense que tu lui as fait plus que peur ! Avec neuf coups de couteaux tout de même !
Neuf coups de couteaux ! Non, il bluffe, ce n’est pas possible, d’ après le vague souvenir de la scène, j’ai dû l’effleurer deux ou trois fois ! Ce n’est pas possible, pas neuf.
- Neuf ? …
- Oui ! Neuf ! Ton pote est encore à l’hôpital à l’heure qu’il est ! Bon, reprenons les faits du début.
Je lui raconte toute mon histoire, il tape au clavier aussi vite que je parle, ça m’impressionne. Je ne dois pas vraiment me rendre compte de ce qui se passe pour prêter attention à des détails si insignifiants, peut-être que j’essaye de fuir la réalité.
Je retourne dans ma cellule 3 étoiles, je m’assois, et pense à Olivia. Olivia est ma petite amie, elle fait partie de ces filles dont vous tombez bêtement amoureux. Une fille magnifique, pleine de charme, très intelligente…nous avons projeté de nous fiancer avant la fin de l’année, je devais la voir aujourd'hui, c’est fichu, d’ailleurs, est-elle au courant de ce qui m’arrive ? Qu’en pensera-t-elle si elle l’apprend ? De toute façon, je lui expliquerais tout ce soir, quand je rentrerai. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas trop.
4
Il est maintenant 14h00, cette matinée m’a paru une éternité, je connais chaque détail de cet endroit, le moindre petit graffiti, je me suis même habitué à l’odeur. Alors que je digère mon sandwich jambon-fromage gracieusement offert par l’Etat, deux policiers entrent brusquement dans ma cellule :
- Vous me libérez ? Ca y est ?
- Non, pas vraiment, dit le policier, tout en me menottant.
- Où allons-nous alors ?
- Au tribunal jeune homme, pour savoir ce que l’on va faire de toi !
- Cool…
La route est embouteillée, ça doit faire au moins dix minutes que nous sommes sur la Nationale, au niveau de Trappes. Des questions auxquelles je n’arrive pas à répondre commencent à me traverser l’esprit. Je commence à être un peu plus réaliste sur ce qui pourrait m’attendre. L’image d’Olivia me revient toutes les trente secondes comme un flash dans ma tête, à chaque fois, je ressens une montée d’adrénaline, comme un nœud dans le ventre. Le mot prison commence aussi à m’obséder, il devient plus en plus présent. J’ai essayé de questionner les policiers qui me paraissaient à peu près aimable pendant ma garde à vue, sur ce à quoi je pouvais m’attendre, mais aucun ne m’a parlé de prison.
Nous arrivons enfin, il nous a fallu trois quarts d’heure pour parcourir la distance Elancourt-Versailles… Nous descendons de la voiture, je suis menotté et entouré de trois policiers, il y a du monde à Versailles, je regarde le sol pour ne pas être reconnu, on ne sait jamais. Nous entrons dans le tribunal, les policiers me traînent jusqu’à un long couloir où il y a des cellules de garde à vue de chaque côté destinées aux délinquants en attente de jugement, l’odeur est différente mais loin d’être agréable. On me jette dans une cellule située vers le fond, je m’assieds et me mets à réfléchir gravement, j’ai toujours aussi peur et un mal de ventre terrible.
Si je vais en prison, que va penser maman ? Et papa ? Olivia m’attendra-t-elle ? Que vont dire mes sœurs ? Mes amis ? Et moi, que pourra-t-il m’arriver là bas ? … non, il faut à tout prix que j’enlève cette idée de ma tête, Olivier, ce soir tu es chez toi, maman t’a préparé un bon repas, ne t’inquiète pas. J’ai peur.
J’entends des voix dans les cellules voisines, des détenus parlent d’une cellule à l’autre. Ils parlent de ce qu’ils ont fait, de ce qu’ils risquent, l’un d’eux est venu directement de la maison d’arrêt de Bois d’Arcy pour se faire juger suite à sa détention provisoire, cela fait six mois qu’il est là bas, il espère vraiment rentrer chez lui ce soir, moi aussi.
Le temps passe, je repense à ce graffiti que j’ai vu dans la cellule en garde à vue, j’arrête donc de cogiter. Ce qui devra m’arriver m’arrivera.
Le temps est long, très long, cela doit faire quatre heures que je suis là à attendre. Je ne cesse de penser à Olivia, cela va bientôt faire deux ans que nous sortons ensemble, nous n’avons jamais passé plus de quarante huit heures sans nous voir. J’espère que je serai avec elle ce soir.
Ça y est ! On vient enfin me chercher, un policier me sort de la cellule, il me menotte, je n’en vois pas vraiment l’intérêt mais ne dis rien, j’ai d’autres soucis que ce bout de métal qui entoure mes poignets. Nous montons un escalier, une porte s’ouvre, nous arrivons directement dans la septième chambre correctionnelle du Tribunal de Versailles. Je suis assis à gauche du juge, derrière une sorte de comptoir. J’observe la salle, sur une rangée de bancs j’aperçois : mon père qui me fixe tristement, ma mère qui regarde le sol l’air désespéré, ma sœur Amandine, mon ami Jérôme et… Olivia, les larmes aux yeux, qui se force à me sourire pour que je garde espoir. Je fais semblant de ne pas avoir vu pour ne pas devoir le lui rendre.
Le juge me demande de me lever, c’est un juge de permanence, il est tard, il veut vite en finir, je me lève, j’ai peur. Le magistrat rappelle les faits, la version qu’il a est celle rendue par l’officier de police. la moitié de ce qu’il raconte est complètement faux, mais je ne réplique pas, je ne sais même pas si j’ai le droit de parler.
Alors que je n’écoutais que vaguement, une phrase me fait l’effet d’un électrochoc: « Etant donné la gravité des faits, et pour éviter les représailles, nous décidons de placer Olivier Soz en mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Bois d’arcy pour une durée de six mois, renouvelable une fois. »
Je ne sais que dire, un silence lourd pèse sur la salle, ça me paraît durer des heures, par réflexe, je regarde Olivia, cette fois elle ne sourit plus, elle n’a pas réussi à contenir ses larmes, ma mère est dans le même état. Comment un être humain peut-il décider du sort d’autrui, surtout lorsqu’il a une situation stable ? Une énorme boule se forme dans ma gorge, je ne craque pas, il ne faut pas que je pleure, je ne veux pas que ma famille me voit pleurer.
Les policiers m’emmènent, je croise le détenu de la cellule voisine qui récupère ses affaires pour rentrer chez lui. Je ne peux plus tenir, je pleure. On me conduit jusqu’à un camion, dehors, mon père m’aperçoit, il arrive à se frayer un chemin parmi les policiers et me donne un paquet de cigarettes, je lis dans son regard : « Tiens bon », merci Papa.
5
Le camion roule direction Bois d’Arcy, je suis mort de peur, je ne peux plus m’arrêter de pleurer. Je ne sais pas ce qui m’attend là bas. L’image d’Olivia en larmes me hante, je me sens très mal. Un des deux policiers m’observe et tente d’instaurer un dialogue :
- Je te préviens, au moindre geste je te latte, ok ?
Je ne réponds pas.
- Dis-moi, tu as des amis qui sont actuellement incarcérés à Bois d’Arcy ? demande le second policier
- Non.
- Alors colle bien tes fesses contre les murs mon ami !!! »
Quel humour ! …
C’est vrai que c’est facile de rire lorsqu’on sait que ce soir on sera chez soi. Mais comment cet homme pourrait-il imaginer ce que je ressens actuellement ? Moi je vais me retrouver au milieu des brigands, des violeurs et des tueurs, si loin d’Olivia et de ma famille. Je regarde les voitures que nous doublons, cet homme dans sa Clio noire doit sûrement rentrer chez lui, sait-il quelle chance il a d’être libre ? Le réalise t-il ? Je hais presque cet homme.
Nous arrivons à la maison d’Arrêt de Bois d’Arcy, nous sommes arrêtés devant l’entrée. Alors que ma préoccupation était jusqu’à présent la réaction de ma famille, elle est maintenant tout autre, je m’inquiète de mes six prochains mois à venir dans cette prison.
J’aperçois une immense porte, elle me fait penser aux ponts-levis des châteaux forts dans les contes. Elle s’ouvre, le camion entre, à partir de ce moment, je ne suis plus qu’un sous-homme, parmi les sous-hommes qui ne se respectent pas entre eux.
Le camion avance, je regarde autour de moi, je vois des bâtiments affreusement mornes agrémentés de petites fenêtres. Des détenus hurlent, lancent des projectiles sur le camion, insultent les policiers… C’est donc parmi ces sauvages que je vais devoir vivre.
Nous arrivons dans un hangar, la personne qui m’a servi de taxi m’enlève les menottes et me regarde avec pitié cette fois, lui doit savoir ce qui se passe à l’intérieur de cette prison. Sa façon de me fixer me déplaît plus qu’elle ne me console. Deux matons arrivent, discutent avec les policiers cinq minutes puis me demandent de les suivre.
Leur uniforme est bleu foncé, un badge ‘Administration Pénitentiaire’ est cousu sur leurs pulls, ils n’ont pas l’air spécialement effrayant. Nous arrivons dans une grande salle appelée les ‘greffes’. Là, un surveillant me demande d’enlever ma chaîne, ma chevalière, et ils récupèrent dans une petite boîte toutes mes affaires personnelles dont mon portable ( je me demande d’ailleurs quels sont les messages qu’il doit contenir ! ). Ça me fait vraiment mal au cœur d’enlever cette bague, Olivia me l’avait offerte, il y a un mois, mais finalement, elle sera peut-être plus en sécurité dans cette boîte.
Mes larmes ne coulent plus depuis un bon moment, je pense surtout à mon avenir là dedans, six mois… C’est long quand même.. Quand je pense que les vacances d’été durent deux mois, et que c’est déjà très long… j’espère vraiment que tout se passera bien, pour le moment je n’ai pas peur.
- C’est lui l’arrivant ? dit un surveillant entrant dans les greffes.
- Ouais, emmène-le au photomaton puis fous-le dans la douche.
On croirait qu’il parle à son chien.
- Ça roule.
Je termine de signer des papiers que je ne lis même pas, puis, après une séance photo, je me déshabille pour prendre une douche. Je n’ai pas encore prononcé un seul mot depuis mon arrivée, je n’ai répondu que par des signes de tête, mais là, pendant ma douche, j’ai meurt d’envie de demander au surveillant d’arrêter de me déshabiller du regard… Je suis très pudique ! Presque personne ne m’a déjà vu nu, et là, ce gars que je ne connais pas me surveille alors que je prends une douche obligatoire.
Ma douche terminée, je me rhabille avec mes affaires sales puis prends ce qu’ils appellent le ‘paquetage’, il est constitué d’un drap, d’un bol,d’une assiette en verre, d’une fourchette en métal, d’un paquet de rasoirs jetables, d’une brosse à dents, d’un petit savon, d’un tube de dentifrice et… du livret d’accueil intitulé ‘ Bienvenue à la Maison d’Arrêt des Yvelines‘ ! J’ai l’impression de réver.
Puis, nous partons en direction d’une cellule provisoire, appelée ‘cellule de l’arrivant’. Nous longeons des longs couloirs souterrains peints en bleu foncé. Tous les trente mètres le surveillant demande dans un talkie-walkie qu’on enclenche la serrure d’une porte à barreaux. Nous arrivons dans une immense tour : trois étages entourés d’escaliers. A chaque étage, un couloir part en direction de la droite, et l’autre vers la gauche. Au milieu de cette tour, en hauteur, se trouvent les surveillants chargés d’ouvrir les portes des couloirs, ils sont dans une pièce entourée de barreaux et remplie de moniteurs de surveillance.
Nous montons jusqu’au deuxième étage, qui est celui des mineurs, et prenons le couloir de gauche. Là, un détenu en train de servir des barquettes, repas communément appelé ‘gamelle’, me dévisage puis continue son travail. Nous marchons dans ce couloir, j’entends les détenus hurler, les télés trop fortes, des coups dans les portes, et une musique : ‘ 2 bal 2 neg – 100° à l’ombre’.
Le surveillant s’arrête devant la cellule B100. Il ouvre la porte, me fait un sourire faussement amical et me dit d’un air qui me semble ironique de bien dormir. Déjà une bonne chose : les surveillants n’ont pas l’air d’être comme j’ai pu les voir dans certains films.
J’entre dans ma cellule, la porte se ferme derrière moi. Je pousse un soupir de soulagement : je n’ai pas de colocataire.
6
La cellule est assez grande, comparée à celle de la garde à vue. Il y a deux fenêtres, deux lits superposés, une table, une chaise, un lavabo et des toilettes.
Je m’assieds sur mon lit et repense à ma situation, j’ai envie de pleurer mais je n’y arrive pas. J’essaye de penser à ma famille, que peuvent-ils bien faire en ce moment ? J’espère vraiment qu’ils ne s’inquiètent pas, si j’avais pu faire en sorte qu’ils ne l’apprennent pas, je l’aurais fait !
Alors que je me perds dans mes pensées, j’entends des hurlements par la fenêtre, plusieurs personnes crient la même chose, je n’arrive pas à comprendre ce qu’ils disent. J’ouvre la fenêtre pour mieux entendre. C’est bien ce que je pensais, ils crient tous ‘ Hey ! L’arrivant ! Réponds ! ‘.
Je n’ai franchement pas envie de répondre, mais ils insistent, mon voisin tape à mon mur, je n’aurais jamais dû allumer la lumière. J’ouvre la fenêtre, elle est minuscule, ma tête ne passe pas entièrement, je me décide à lancer un ‘ oui ? ‘ timide. Les questions fusent dans tous les sens, ‘ T’as fait quoi ? ‘, ‘ Tu viens d’où ? ‘, ‘ Tu t’appelles comment ? ‘.
- Je m’appelle Olivier.
Un silence, des rires…
- Sérieux ? Tu t’appelles Olivier ?? crient des détenus.
- Oui…
- Ok Olivier, tu sais quoi, dans les tribunaux, c’ est des français qui jugent des noirs et des arabes ; en prison, c’est des noirs et des arabes qui jugent des français, et demain en promenade on va te juger !!!
Je ferme ma fenêtre, me couche sur mon lit et décide de ne plus répondre. J’en profite pour remettre les idées en place dans ma tête : je suis loin de ma famille, loin d’Olivia, dans une cellule presque vide, et demain je suis censé me faire ‘ juger ‘ par des personnes n’ayant plus rien à perdre… Finalement, je ne réussirai jamais à dormir si je pense à tout cela.
Je décide donc de repenser au dernier week-end que j’ai passé avec Olivia. Ce Week-end là, nous avions fêté l’anniversaire de ma sœur, Olivia était venue dormir chez moi et, à la fin de la soirée, nous étions montés dans ma chambre avec une bouteille de Champagne pour fêter de notre côté les vingt mois que nous avions passés ensemble. Alors que nous nous remémorions tous nos souvenirs, nos bons moments passés ensemble, je lui avais proposé que l’on se fiance, elle avait accepté et avait fondu en larmes en se jetant dans mes bras. Je pense que je ne pourrais jamais aimer une autre personne qu’elle, malgré notre jeune âge, notre amour est fort et je pense que c’est grâce à elle que j’arrive à ne pas trop paniquer dans cette cellule.
Je parviens finalement à m’endormir.
Samedi, 00h30, je cours instinctivement en direction de ma maison, je crois que j’ai fait la pire connerie de ma vie, je ne réalise toujours pas, tout s’est fait si vite, Voilà dix minutes que je cours, dernier virage avant l’entrée de ma maison, je pense à ma mère, comment vais-je pouvoir lui raconter ça ? Que va-t-elle en penser ? Des gouttes de sueur coulent le long de mon visage sans que je m’en rende réellement compte, je suis trop préoccupé par ce que je viens de faire, j’aperçois la maison, bientôt la fin de ma course, je ralentis le rythme, je suis essoufflé. Dans ma tête tout est mélangé, je ne sais pas comment cette histoire va finir.
J’arrive devant chez moi, je m’arrête brusquement, une Laguna enclenche les pleins phares dans ma direction et démarre en faisant crisser les pneus, on se croirait dans un film américain. Par réflexe défensif, je fais demi-tour et lance ce couteau qui est la cause de tous mes ennuis, je cours le plus vite possible, la voiture s’approche de plus en plus, puis deux personnes en descendent et crient : « Police ! ». Je me retourne, j’aperçois un homme en uniforme, agenouillé, un pistolet braqué dans ma direction, je m’arrête net. Puis tout se passe en un éclair, je me retrouve allongé sur le ventre, menotté, dans ma rue… les policiers me bombardent de questions, je ne réponds pas, je ne suis pas conscient de ce que j’ai fait ni de ce qui m’arrive maintenant.
Je regarde autour de moi, je vois un de mes amis d’enfance qui passe et qui me regarde, j’ai honte, je tourne la tête pour ne pas être reconnu. Puis, une autre voiture de police arrive, cette fois-ci elle n’est pas banalisée, le policier me relève, et me pousse à l’intérieur, mes menottes me serrent, j’ai très mal.
Sur le chemin du commissariat, les policiers m’interrogent sur les faits, je leur explique et leur demande de me desserrer les menottes.
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J’arrive dans le commissariat, la brigade me dévisage, ils me font entrer dans une salle, je regarde autour de moi : deux cellules de garde à vue avec une porte vitrée donnant sur un bureau, l’une est occupée par un homme, la quarantaine, qui dort dans son vomi, … Mon escorte me laisse sur un banc et m’ôte les menottes à ma demande.
Je raconte une nouvelle fois les faits à un autre policier. Pour le moment, je n’ai pas le courage de regretter quoi que ce soit, je ne réalise pas ce qui m’arrive. Je n’ai pas peur, je ne suis pas triste. Je leur demande combien de temps je vais rester sur ce banc, on me répond qu’il ne faut pas que je m’inquiète, la cellule vide à ma droite a été réservée spécialement pour moi…
1h30, je suis assis sur le banc en pierre de la cellule, il y a des graffitis, des délinquants fiers de l’être qui y ont laissé leur nom ou surnom, d’autres, ont mis des commentaires, « Arrête de cogiter, ce qui devra arriver arrivera » et « la prison, c’est dur, la liberté, c’est sûr ! » En lisant le mot prison, un frisson me parcourt le corps, je commence peu à peu à réaliser. Je m’inquiète pour la victime, et si je l’avais tué ? Peut-être que je ne lui ai fait que des petites égratignures et que dans la prochaine heure, je serai relâché ? Peut-être est-il en train de perdre son sang à l’hôpital ? J’ai peur. Je commence vraiment à stresser, il me faut une cigarette, je pense de plus en plus à la victime : Luc.
2h00, je me souviens de ce film, Usual Suspects, le héros disait que pour montrer que l’on n’a rien à se reprocher, en garde à vue, il faut dormir. De toute façon, je suis mort de fatigue. Le médecin m’a donné un calmant, il n’a pas trop d’effets mais je vais me forcer, et il faut que je sois en forme pour mon retour à la maison demain. Je me couche sur ce banc de pierre, ferme les yeux et attends que le sommeil m’emporte.
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Le lendemain, je suis réveillé par la porte qui s’ouvre, j’entends une voix féminine qui me demande de la suivre. Je me lève, me frotte les yeux puis je résume la situation en moins de deux secondes dans ma tête. Non, tu n’es pas dans ton lit Olivier, tu es en garde à vue car tu as mis des coups de couteau à ton collègue de travail. On me remet les menottes et on me traîne au bureau de l’OPJ, Officier de Police Judiciaire.
J’entre dans la pièce, la position assise avec les menottes est assez spéciale, on se sent vraiment inférieur les mains derrière le dos, en face d’un homme bien rasé, bien habillé, qui se tient droit, il a l’air d’aimer son travail.
- Bon, racontez-moi les faits de A à Z, et un conseil, dites la vérité et n’essayez pas de minimiser, dit l’officier d’un ton presque amical.
- Ok… en fait… je me suis battu avec un collègue, j’avais un couteau pour lui faire peur, mais je l’ai utilisé après avoir reçu un coup sur la tête. Voilà. Et j’ai une question : je vais rentrer chez moi aujourd’hui ?
- Tu te fous de ma gueule ?
Je sens maintenant l’officier beaucoup moins amical, et je trouve aussi originale sa façon brutale de passer du vouvoiement au tutoiement.
- Non…. Pourquoi ? …
- Bon, pourquoi avais-tu ce couteau ?
- Pour lui faire peur, comme je vous l’ai dit.
- Mais… Je pense que tu lui as fait plus que peur ! Avec neuf coups de couteaux tout de même !
Neuf coups de couteaux ! Non, il bluffe, ce n’est pas possible, d’ après le vague souvenir de la scène, j’ai dû l’effleurer deux ou trois fois ! Ce n’est pas possible, pas neuf.
- Neuf ? …
- Oui ! Neuf ! Ton pote est encore à l’hôpital à l’heure qu’il est ! Bon, reprenons les faits du début.
Je lui raconte toute mon histoire, il tape au clavier aussi vite que je parle, ça m’impressionne. Je ne dois pas vraiment me rendre compte de ce qui se passe pour prêter attention à des détails si insignifiants, peut-être que j’essaye de fuir la réalité.
Je retourne dans ma cellule 3 étoiles, je m’assois, et pense à Olivia. Olivia est ma petite amie, elle fait partie de ces filles dont vous tombez bêtement amoureux. Une fille magnifique, pleine de charme, très intelligente…nous avons projeté de nous fiancer avant la fin de l’année, je devais la voir aujourd'hui, c’est fichu, d’ailleurs, est-elle au courant de ce qui m’arrive ? Qu’en pensera-t-elle si elle l’apprend ? De toute façon, je lui expliquerais tout ce soir, quand je rentrerai. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas trop.
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Il est maintenant 14h00, cette matinée m’a paru une éternité, je connais chaque détail de cet endroit, le moindre petit graffiti, je me suis même habitué à l’odeur. Alors que je digère mon sandwich jambon-fromage gracieusement offert par l’Etat, deux policiers entrent brusquement dans ma cellule :
- Vous me libérez ? Ca y est ?
- Non, pas vraiment, dit le policier, tout en me menottant.
- Où allons-nous alors ?
- Au tribunal jeune homme, pour savoir ce que l’on va faire de toi !
- Cool…
La route est embouteillée, ça doit faire au moins dix minutes que nous sommes sur la Nationale, au niveau de Trappes. Des questions auxquelles je n’arrive pas à répondre commencent à me traverser l’esprit. Je commence à être un peu plus réaliste sur ce qui pourrait m’attendre. L’image d’Olivia me revient toutes les trente secondes comme un flash dans ma tête, à chaque fois, je ressens une montée d’adrénaline, comme un nœud dans le ventre. Le mot prison commence aussi à m’obséder, il devient plus en plus présent. J’ai essayé de questionner les policiers qui me paraissaient à peu près aimable pendant ma garde à vue, sur ce à quoi je pouvais m’attendre, mais aucun ne m’a parlé de prison.
Nous arrivons enfin, il nous a fallu trois quarts d’heure pour parcourir la distance Elancourt-Versailles… Nous descendons de la voiture, je suis menotté et entouré de trois policiers, il y a du monde à Versailles, je regarde le sol pour ne pas être reconnu, on ne sait jamais. Nous entrons dans le tribunal, les policiers me traînent jusqu’à un long couloir où il y a des cellules de garde à vue de chaque côté destinées aux délinquants en attente de jugement, l’odeur est différente mais loin d’être agréable. On me jette dans une cellule située vers le fond, je m’assieds et me mets à réfléchir gravement, j’ai toujours aussi peur et un mal de ventre terrible.
Si je vais en prison, que va penser maman ? Et papa ? Olivia m’attendra-t-elle ? Que vont dire mes sœurs ? Mes amis ? Et moi, que pourra-t-il m’arriver là bas ? … non, il faut à tout prix que j’enlève cette idée de ma tête, Olivier, ce soir tu es chez toi, maman t’a préparé un bon repas, ne t’inquiète pas. J’ai peur.
J’entends des voix dans les cellules voisines, des détenus parlent d’une cellule à l’autre. Ils parlent de ce qu’ils ont fait, de ce qu’ils risquent, l’un d’eux est venu directement de la maison d’arrêt de Bois d’Arcy pour se faire juger suite à sa détention provisoire, cela fait six mois qu’il est là bas, il espère vraiment rentrer chez lui ce soir, moi aussi.
Le temps passe, je repense à ce graffiti que j’ai vu dans la cellule en garde à vue, j’arrête donc de cogiter. Ce qui devra m’arriver m’arrivera.
Le temps est long, très long, cela doit faire quatre heures que je suis là à attendre. Je ne cesse de penser à Olivia, cela va bientôt faire deux ans que nous sortons ensemble, nous n’avons jamais passé plus de quarante huit heures sans nous voir. J’espère que je serai avec elle ce soir.
Ça y est ! On vient enfin me chercher, un policier me sort de la cellule, il me menotte, je n’en vois pas vraiment l’intérêt mais ne dis rien, j’ai d’autres soucis que ce bout de métal qui entoure mes poignets. Nous montons un escalier, une porte s’ouvre, nous arrivons directement dans la septième chambre correctionnelle du Tribunal de Versailles. Je suis assis à gauche du juge, derrière une sorte de comptoir. J’observe la salle, sur une rangée de bancs j’aperçois : mon père qui me fixe tristement, ma mère qui regarde le sol l’air désespéré, ma sœur Amandine, mon ami Jérôme et… Olivia, les larmes aux yeux, qui se force à me sourire pour que je garde espoir. Je fais semblant de ne pas avoir vu pour ne pas devoir le lui rendre.
Le juge me demande de me lever, c’est un juge de permanence, il est tard, il veut vite en finir, je me lève, j’ai peur. Le magistrat rappelle les faits, la version qu’il a est celle rendue par l’officier de police. la moitié de ce qu’il raconte est complètement faux, mais je ne réplique pas, je ne sais même pas si j’ai le droit de parler.
Alors que je n’écoutais que vaguement, une phrase me fait l’effet d’un électrochoc: « Etant donné la gravité des faits, et pour éviter les représailles, nous décidons de placer Olivier Soz en mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Bois d’arcy pour une durée de six mois, renouvelable une fois. »
Je ne sais que dire, un silence lourd pèse sur la salle, ça me paraît durer des heures, par réflexe, je regarde Olivia, cette fois elle ne sourit plus, elle n’a pas réussi à contenir ses larmes, ma mère est dans le même état. Comment un être humain peut-il décider du sort d’autrui, surtout lorsqu’il a une situation stable ? Une énorme boule se forme dans ma gorge, je ne craque pas, il ne faut pas que je pleure, je ne veux pas que ma famille me voit pleurer.
Les policiers m’emmènent, je croise le détenu de la cellule voisine qui récupère ses affaires pour rentrer chez lui. Je ne peux plus tenir, je pleure. On me conduit jusqu’à un camion, dehors, mon père m’aperçoit, il arrive à se frayer un chemin parmi les policiers et me donne un paquet de cigarettes, je lis dans son regard : « Tiens bon », merci Papa.
5
Le camion roule direction Bois d’Arcy, je suis mort de peur, je ne peux plus m’arrêter de pleurer. Je ne sais pas ce qui m’attend là bas. L’image d’Olivia en larmes me hante, je me sens très mal. Un des deux policiers m’observe et tente d’instaurer un dialogue :
- Je te préviens, au moindre geste je te latte, ok ?
Je ne réponds pas.
- Dis-moi, tu as des amis qui sont actuellement incarcérés à Bois d’Arcy ? demande le second policier
- Non.
- Alors colle bien tes fesses contre les murs mon ami !!! »
Quel humour ! …
C’est vrai que c’est facile de rire lorsqu’on sait que ce soir on sera chez soi. Mais comment cet homme pourrait-il imaginer ce que je ressens actuellement ? Moi je vais me retrouver au milieu des brigands, des violeurs et des tueurs, si loin d’Olivia et de ma famille. Je regarde les voitures que nous doublons, cet homme dans sa Clio noire doit sûrement rentrer chez lui, sait-il quelle chance il a d’être libre ? Le réalise t-il ? Je hais presque cet homme.
Nous arrivons à la maison d’Arrêt de Bois d’Arcy, nous sommes arrêtés devant l’entrée. Alors que ma préoccupation était jusqu’à présent la réaction de ma famille, elle est maintenant tout autre, je m’inquiète de mes six prochains mois à venir dans cette prison.
J’aperçois une immense porte, elle me fait penser aux ponts-levis des châteaux forts dans les contes. Elle s’ouvre, le camion entre, à partir de ce moment, je ne suis plus qu’un sous-homme, parmi les sous-hommes qui ne se respectent pas entre eux.
Le camion avance, je regarde autour de moi, je vois des bâtiments affreusement mornes agrémentés de petites fenêtres. Des détenus hurlent, lancent des projectiles sur le camion, insultent les policiers… C’est donc parmi ces sauvages que je vais devoir vivre.
Nous arrivons dans un hangar, la personne qui m’a servi de taxi m’enlève les menottes et me regarde avec pitié cette fois, lui doit savoir ce qui se passe à l’intérieur de cette prison. Sa façon de me fixer me déplaît plus qu’elle ne me console. Deux matons arrivent, discutent avec les policiers cinq minutes puis me demandent de les suivre.
Leur uniforme est bleu foncé, un badge ‘Administration Pénitentiaire’ est cousu sur leurs pulls, ils n’ont pas l’air spécialement effrayant. Nous arrivons dans une grande salle appelée les ‘greffes’. Là, un surveillant me demande d’enlever ma chaîne, ma chevalière, et ils récupèrent dans une petite boîte toutes mes affaires personnelles dont mon portable ( je me demande d’ailleurs quels sont les messages qu’il doit contenir ! ). Ça me fait vraiment mal au cœur d’enlever cette bague, Olivia me l’avait offerte, il y a un mois, mais finalement, elle sera peut-être plus en sécurité dans cette boîte.
Mes larmes ne coulent plus depuis un bon moment, je pense surtout à mon avenir là dedans, six mois… C’est long quand même.. Quand je pense que les vacances d’été durent deux mois, et que c’est déjà très long… j’espère vraiment que tout se passera bien, pour le moment je n’ai pas peur.
- C’est lui l’arrivant ? dit un surveillant entrant dans les greffes.
- Ouais, emmène-le au photomaton puis fous-le dans la douche.
On croirait qu’il parle à son chien.
- Ça roule.
Je termine de signer des papiers que je ne lis même pas, puis, après une séance photo, je me déshabille pour prendre une douche. Je n’ai pas encore prononcé un seul mot depuis mon arrivée, je n’ai répondu que par des signes de tête, mais là, pendant ma douche, j’ai meurt d’envie de demander au surveillant d’arrêter de me déshabiller du regard… Je suis très pudique ! Presque personne ne m’a déjà vu nu, et là, ce gars que je ne connais pas me surveille alors que je prends une douche obligatoire.
Ma douche terminée, je me rhabille avec mes affaires sales puis prends ce qu’ils appellent le ‘paquetage’, il est constitué d’un drap, d’un bol,d’une assiette en verre, d’une fourchette en métal, d’un paquet de rasoirs jetables, d’une brosse à dents, d’un petit savon, d’un tube de dentifrice et… du livret d’accueil intitulé ‘ Bienvenue à la Maison d’Arrêt des Yvelines‘ ! J’ai l’impression de réver.
Puis, nous partons en direction d’une cellule provisoire, appelée ‘cellule de l’arrivant’. Nous longeons des longs couloirs souterrains peints en bleu foncé. Tous les trente mètres le surveillant demande dans un talkie-walkie qu’on enclenche la serrure d’une porte à barreaux. Nous arrivons dans une immense tour : trois étages entourés d’escaliers. A chaque étage, un couloir part en direction de la droite, et l’autre vers la gauche. Au milieu de cette tour, en hauteur, se trouvent les surveillants chargés d’ouvrir les portes des couloirs, ils sont dans une pièce entourée de barreaux et remplie de moniteurs de surveillance.
Nous montons jusqu’au deuxième étage, qui est celui des mineurs, et prenons le couloir de gauche. Là, un détenu en train de servir des barquettes, repas communément appelé ‘gamelle’, me dévisage puis continue son travail. Nous marchons dans ce couloir, j’entends les détenus hurler, les télés trop fortes, des coups dans les portes, et une musique : ‘ 2 bal 2 neg – 100° à l’ombre’.
Le surveillant s’arrête devant la cellule B100. Il ouvre la porte, me fait un sourire faussement amical et me dit d’un air qui me semble ironique de bien dormir. Déjà une bonne chose : les surveillants n’ont pas l’air d’être comme j’ai pu les voir dans certains films.
J’entre dans ma cellule, la porte se ferme derrière moi. Je pousse un soupir de soulagement : je n’ai pas de colocataire.
6
La cellule est assez grande, comparée à celle de la garde à vue. Il y a deux fenêtres, deux lits superposés, une table, une chaise, un lavabo et des toilettes.
Je m’assieds sur mon lit et repense à ma situation, j’ai envie de pleurer mais je n’y arrive pas. J’essaye de penser à ma famille, que peuvent-ils bien faire en ce moment ? J’espère vraiment qu’ils ne s’inquiètent pas, si j’avais pu faire en sorte qu’ils ne l’apprennent pas, je l’aurais fait !
Alors que je me perds dans mes pensées, j’entends des hurlements par la fenêtre, plusieurs personnes crient la même chose, je n’arrive pas à comprendre ce qu’ils disent. J’ouvre la fenêtre pour mieux entendre. C’est bien ce que je pensais, ils crient tous ‘ Hey ! L’arrivant ! Réponds ! ‘.
Je n’ai franchement pas envie de répondre, mais ils insistent, mon voisin tape à mon mur, je n’aurais jamais dû allumer la lumière. J’ouvre la fenêtre, elle est minuscule, ma tête ne passe pas entièrement, je me décide à lancer un ‘ oui ? ‘ timide. Les questions fusent dans tous les sens, ‘ T’as fait quoi ? ‘, ‘ Tu viens d’où ? ‘, ‘ Tu t’appelles comment ? ‘.
- Je m’appelle Olivier.
Un silence, des rires…
- Sérieux ? Tu t’appelles Olivier ?? crient des détenus.
- Oui…
- Ok Olivier, tu sais quoi, dans les tribunaux, c’ est des français qui jugent des noirs et des arabes ; en prison, c’est des noirs et des arabes qui jugent des français, et demain en promenade on va te juger !!!
Je ferme ma fenêtre, me couche sur mon lit et décide de ne plus répondre. J’en profite pour remettre les idées en place dans ma tête : je suis loin de ma famille, loin d’Olivia, dans une cellule presque vide, et demain je suis censé me faire ‘ juger ‘ par des personnes n’ayant plus rien à perdre… Finalement, je ne réussirai jamais à dormir si je pense à tout cela.
Je décide donc de repenser au dernier week-end que j’ai passé avec Olivia. Ce Week-end là, nous avions fêté l’anniversaire de ma sœur, Olivia était venue dormir chez moi et, à la fin de la soirée, nous étions montés dans ma chambre avec une bouteille de Champagne pour fêter de notre côté les vingt mois que nous avions passés ensemble. Alors que nous nous remémorions tous nos souvenirs, nos bons moments passés ensemble, je lui avais proposé que l’on se fiance, elle avait accepté et avait fondu en larmes en se jetant dans mes bras. Je pense que je ne pourrais jamais aimer une autre personne qu’elle, malgré notre jeune âge, notre amour est fort et je pense que c’est grâce à elle que j’arrive à ne pas trop paniquer dans cette cellule.
Je parviens finalement à m’endormir.
Olivier Soz- ---------
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Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
où puis-je lire la suite? la fin du tome 1 ,car je suis passée directement au tome 2, il me manque donc le milieu !
c'est très intéressant et très bien écrit, bravo

c'est très intéressant et très bien écrit, bravo

Invité- Invité
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
Avec énormément de retard, je te réponds :
Si tu veux la partie gratuite du livre :
http://detenu-mineur.skyrock.com/
Si tu veux recevoir un beau livre papier à la maison c'est ici :
http://www.thebookedition.com/journal-d-un-detenu-mineur-de-olivier-soz-p-24449.html
ou bien sur Iphone. App Store / rubrique livre numériques (ou directement une recherche sur les mots clés "detenu mineur")
A plus,
Olivier
Si tu veux la partie gratuite du livre :
http://detenu-mineur.skyrock.com/
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A plus,
Olivier
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Olivier Soz
Ex détenu à la Maison d'Arrêt de Bois d'Arcy.
Auteur de Journal d'un Détenu Mineur
Olivier Soz- ---------
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Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
Moi je te conseille le beau livre papier, j'ai eu la version Iphone, je lu sur son blog, forum ... Mais rien ne vaut le livre et après l'avoir lu tu peux même l'envoyé à ton fils, c'est ce que je fais pour mon copain et il a bien aimé, il c'est bien retrouvé dans beaucoup de point ...
Marina- V.I.P.
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Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
J'ai lu la première partie du livre sur ton blog Olivier, j'ai d'ailleurs commandé le livre et je suis impatiente dans de le recevoir !!!
D'ailleurs j'ai beaucoup aimé les "Hééééé intel" "Ouai Ouai ?!"
A chaque fois que je lisais ces échanges ca me réchauffait le coeur, car à chaque fois que j'l'ai au téléphone, rares sont les fois où je ne les entends pas !! J'me suis même surprise à le dire beaucoup ce fameux "ouai ouai"
Beaucoup d'émotions, on se sent concerné et on en frissonne !
Merci pour cette confession, je comprends mieux mon homme mine de rien, de ce qu'il vit et j'ai parfois l'impression de déchiffré ce qu'il me dis à demi-mot.
MERCI BEAUCOUP
D'ailleurs j'ai beaucoup aimé les "Hééééé intel" "Ouai Ouai ?!"

A chaque fois que je lisais ces échanges ca me réchauffait le coeur, car à chaque fois que j'l'ai au téléphone, rares sont les fois où je ne les entends pas !! J'me suis même surprise à le dire beaucoup ce fameux "ouai ouai"

Beaucoup d'émotions, on se sent concerné et on en frissonne !
Merci pour cette confession, je comprends mieux mon homme mine de rien, de ce qu'il vit et j'ai parfois l'impression de déchiffré ce qu'il me dis à demi-mot.
MERCI BEAUCOUP

Pin-Up- Membre actif
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Age : 35
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
merci Olivier, j'ai pas de sous en ce moment, mais dès que je peux, je le commande 

Invité- Invité
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
ton histoire est émouvante, j'ai les yeux embués par ton récit.......! maman, papa, olivia.....! et tout le bonheur s'éffondre en quelques secondes ! tu es courageux olivier et bravo pour ton FORUM ! Je me permets de te faire une bise après ce que tu as vécu !!!!! et tu t'en es sorti BRAVO !
Invité- Invité
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
bravo !! sa yai je l'ai commende !! je l'attend avec impatience !!!
mel1604- Nouveau Membre
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Humeur : fiiancé d'un detenu :-(
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
j'ai bien accroché, je vais commander un livre !
Luuna- Ancien(ne)
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Humeur : Bof
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
Je viens de lire et je commande le livre immediatement ! Sincerement bravo !!!
Steph60- Habitué(e)
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Age : 42
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
Bonsoir,
A ceux qui ont commandé le livre, combien de temps ça a mis pour que vous le receviez ?
A ceux qui ont commandé le livre, combien de temps ça a mis pour que vous le receviez ?
paciencia- Habitué(e)
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Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
Je ne me souviens plus très bien mais pas plus de 2 semaines il me semble.
Marina- V.I.P.
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Age : 35
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
J'ai eu les frissons en lisant ces passages..............Je commande aussi le livre !!!!!!!

Invité- Invité
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
Merci Marina !!
Je suis impatiente de le recevoir !!
Bonne journée
Je suis impatiente de le recevoir !!
Bonne journée
paciencia- Habitué(e)
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Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
Je viens de le commander aussi!!!

Ju- Habitué(e)
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RE : Journal d'un Détenu Mineur
Très touchant ... j'aime beaucoup ta facon d'écrire..sincère et sans détours.. Ca me rappelle mon cousin lorsqu'il était à la santé...l'accueil réservé par les détenus aux "pti francais" est parfois cru.. plus que celui réservé aux rebeux ou renoi ...
alors bravo pour ton courage et j'ai hâte de lire la suite ... Bravo !! ou Kom on dit .. "Psartek le livre! "
. Bonne journée !!



CBimBim- Nouveau Membre
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Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
J'ai reçu mon livre hier, j'attends le tome 2!!

Ju- Habitué(e)
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Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
C'est bizarre j'ai toujours rien reçu moi????
Steph60- Habitué(e)
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Age : 42
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
Steph60, tu l'as commandé quand ?
paciencia- Habitué(e)
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Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
bonjour , je viens de commander le livre , je suis sure que je vais aimer le lire , merci j ai hate de le recevoir.
NAOMIE61- Nouveau Membre
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commander le livre?
bonjour,
est ce que vous pourriez me dire ou vous avez commandé le livre?
j'ai été voir dans les librairies vers chez moi et ils ne peuvent pas l'avoir. j'aimerais tant pouvoir le lire.
sinon j'aurais une petite chose aussi a demandé un peu délicat.
voila je comme vous toutes je me suis retrouvée toute seule avec mes deux enfants, et le seule travail que j'ai réussi a trouvé est de faire quelques heure de menages par semaine... pour l'instant mais je m'accroche et continu a chercher...
alors je voudrais savoir si j'aurais pu le racheter a une de vous qu'y l'ai déjà lu?
Voila, je vous souhaite une bonne journée a toutes et tous!!!
est ce que vous pourriez me dire ou vous avez commandé le livre?
j'ai été voir dans les librairies vers chez moi et ils ne peuvent pas l'avoir. j'aimerais tant pouvoir le lire.
sinon j'aurais une petite chose aussi a demandé un peu délicat.
voila je comme vous toutes je me suis retrouvée toute seule avec mes deux enfants, et le seule travail que j'ai réussi a trouvé est de faire quelques heure de menages par semaine... pour l'instant mais je m'accroche et continu a chercher...
alors je voudrais savoir si j'aurais pu le racheter a une de vous qu'y l'ai déjà lu?
Voila, je vous souhaite une bonne journée a toutes et tous!!!
julynsoucy22- Membre actif
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Réputation : -1
Age : 43
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
Olivier Soz a écrit:Avec énormément de retard, je te réponds :
Si tu veux la partie gratuite du livre :
http://detenu-mineur.skyrock.com/
Si tu veux recevoir un beau livre papier à la maison c'est ici :
http://www.thebookedition.com/journal-d-un-detenu-mineur-de-olivier-soz-p-24449.html
ou bien sur Iphone. App Store / rubrique livre numériques (ou directement une recherche sur les mots clés "detenu mineur")
A plus,
Olivier
Invité- Invité
Re: Journal d'un Détenu Mineur - Partie 1
merci de m'avoir repondu; je n'ai pas d'Iphone ou ce genre de tel...
Peux tu e donné le tarif sur "beau papier" s'il te plait?
Peux tu e donné le tarif sur "beau papier" s'il te plait?
julynsoucy22- Membre actif
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Age : 43
mgarelle- V.I.P.
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Humeur : je l aime...
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